Pitch ne faisant pas pschitt !
Un jeune américain fou de skateboard et de rock se retrouve subitement 30 ans en arrière, pour avoir trop sollicité l'accélérateur de la voiture bricolée en machine à voyager dans le temps par un savant excentrique...
Une telle idée pour renouveler le thème le plus passionnant de la science-fiction cinématographique, cela ne peut être que du Spielberg ! Oui et non : "Retour vers le futur" est en fait produit par le petit génie du cinéma US, et réalisé par son complice Robert Zemeckis ("A la poursuite du diamant vert").
Changer le cours des évènements : qui n'a jamais rêvé de détenir un tel pouvoir. C'est ce qui arrive au jeune héros malgré lui : Marty, 17 ans, mortifié d'avoir honte de ses parents. Lui, d'une incroyable faiblesse d'esprit, qui se laisse servilement terroriser par la brute épaisse qui lui sert de patron. Elle, aigrie et moralisatrice, portée sur la boisson et l'embonpoint mauvais point ! C'est la nuit même où son vieil ami Doc, plutôt toc-toc, lui fait découvrir sa fabuleuse invention, sous les formes d'une splendide De Lorean, que Marty fait le grand saut dans le temps. Pour échapper à des terroristes - Lybiens, évidemment - qui viennent de tuer le savant...
Le jeune homme se retrouve en 1955. Il a changé d'époque, mais pas de lieu, de sorte qu'il fait connaissance avec des personnes dont il connaît l'avenir. Tel ce jeune serveur noir, qu'il vient à peine de quitter... maire de la ville ! Surtout, il rencontre ses futurs père et mère, à peu près du même âge que lui et qui ne savent pas encore qu'ils vont fonder une famille. Par sa présence, son intrusion, il va dérégler leur destinée commune. Presqu'écrasé par la voiture de son futur grand-père à la place de ce Georges qu'il a bien du mal à ne pas appeler papa, il devient celui sur lequel va se poser amoureusement le regard... de sa future mère ! Terriblement oedipien, fredaines freudiennes, mais la morale sera sauve en fin de compte. Tout en convaincant un Doc aussi rajeuni de 30 ans d'anticiper beaucoup sur son invention et lui permettre de regagner son époque de vie, Marty va s'escrimer à ce que tout rentre dans l'ordre au niveau de ses futurs géniteurs... qui ne sauront jamais ce qu'ils doivent à ce jeune de leur âge ! Sacré "sac de noeuds" spacio-temporel, autant que sentimental, qu'il va parvenir à démêler, pour le plus grand plaisir du spectateur, car moyennant toute une série de situations plus rocambolesques les unes que les autres.
Le coup de génie du tandem Spielberg-Zemeckis est d'avoir su fantasmer à merveille autour de tous les dérapages narratifs liés à cette voiture magique (irrésistible scène de rock et du fameux "Johnny B Good" avant la lettre) que permettait la trouvaille scénaristique de base. Avec, bien sûr, de pétaradants effets spéciaux à la clé.
Pour tout dire, un film très réjouissant, bien représentatif de l'univers cinématographique de ce grand enfant qu'a aimé rester Spileberg. Qui sait tellement bien titiller l'imagination qu'il est impossible d'avoir une dent (de l'amer) contre lui !