C'est beau, oui, mais c'est tout...

Rigor Mortis est un de ces films dont l’emballage est plus important que le contenu, où l’esthétisme prime sur tout le reste et ce faisant il passe totalement à coté de son objectif premier : faire peur. A aucun moment on sursaute ou on angoisse sauf à quelques très rares exceptions près qui ne se comptent même pas sur les doigts d’une main. Dès les premières minutes du film on sent que le réalisateur, Juno Mak, a clairement soigné la mise en scène et a méticuleusement réfléchi à la composition de chaque plan donnant lieu à des séquences vraiment magnifiques qui flattent la rétine. Toutefois cet esthétisme épuré n’est pas suffisant pour tenir en haleine le spectateur durant 1h40 et arrive même à rendre certaines scènes plus comiques qu'autre chose.

En conséquence on peine vraiment à entrer dans cette histoire d'horreur dont l'intrigue prend trop son temps pour démarrer et qui pêche par son manque de contenu. Ceci est d’autant plus dommage que Juno Mak nous présente un contexte angoissant au possible très réussit : une barre d’immeuble délabrée avec une brochette de personnages principaux et secondaires profondément marqués par des drames personnels sans aucun élément comique pour détendre l’atmosphère, sauf peut être le chasseur de vampire et son coté loufoque. Les acteurs sont bons dans l’ensemble avec une mention spéciale pour Chin Siu-ho, le personnage principal, et Hee Ching Paw, la veuve inconsolable. Hélas à force de vouloir faire du beau on atténue l’horreur que l’on veut filmer.