Au regard de ce que l'on m'avait vendu comme "le sommet de l'épouvante japonaise" ces dernières années, force est de constater que le film n'est pas véritablement à la hauteur ; le pleutre que je suis a davantage eu peur "d'avoir peur" et n'a pas vraiment eu besoin de se cacher derrière un drap ni de se terrer derrière un divan pour calmer son effroi.


Ce qui m'a véritablement convaincu c'est sans doute la dimension et la profondeur humaines du film, bien loin d'être trop sanglant et gratuitement cruel. On a de la compassion pour la fantomatique Sadako (aussi convaincante que peuvent l'être Oiwa ou Okiku) ; plus peut-être que pour les protagonistes du film. La dimension sociale du spectre est rappelée ; le fantôme se venge : pas d'un ou plusieurs individus ; la terreur qu'elle provoque est gratuite, mais - paradoxalement - se comprend. Le film puise ouvertement dans le folklore de l'archipel (emprunte aussi beaucoup au genre du kabuki), qu'il actualise avec finesse et intelligence.


Si le scénario ne révolutionne pas le genre de l'épouvante, la réalisation est soignée ; le film prend son temps, et tant mieux : la "menace Sadako" n'en est que plus pesante (la tension est maîtrisée) : en tout cas je ne lui reprocherai pas raisonnablement de longueurs. Ce qui m'a peut-être le plus marqué : le bruit de neige de télévision, sans cesse imité par le bruit de la pluie, d'une fontaine ; et d'autres exemples m'échappent : j'en suis convaincu. En vérité, plus d'une chose m'ont échappé, et plusieurs passages m'intriguent encore et me déragent véritablement : je pense à la cassette (qui offre un profondeur meta au film), envoûtante et particulièrement dérangeante ; convaincante : on trouverait sans doute des vidéos similaires sur le Net ; il y a aussi cette présence qui s'approche de Ryuji, assis - justement - peu loin à côté de cette fontaine. Et quelle idée ! les clichés corrompus après la lecture de la cassette.


Pourtant ! on regrette que le film n'embrasse pas davantage le genre fantastique ; les personnages sont convaincus dès le début de l'existence de Sadako et de sa malé-diction, d'autant plus que le fantôme provoque tout juste des crises cardiaques et ne laisse aucune trace visible et matérielle de son passage ; après tout, on adopte le point de vue des personnages : l'on aurait pu exploiter le thème de la folie et de la démence ; du doute et du trouble causé par les légendes urbaines, auxquelles on ne croit pas... Enfin, on ne sait pas trop. Mais peut-être ne fallait-il pas trop s'éloigner du roman de M. Suzuki. Reste qu'on s'attend presque à voir l'esprit de Sadako venir nous faire une visite à l'improviste quelques jours après avoir vu le film.


Il faudra tout de même m'expliquer ce qui a motivé le choix musical du générique de fin.

Insolourdo
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le 2 nov. 2019

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