Encensé par de nombreux spécialistes du genre, je ne serais pas aussi enthousiaste concernant « Rio Conchos », restant à certains égards une série B, certes de qualité, mais une série B quand même. Si j'ai plutôt passé un bon moment, ce n'était pas l'extase non plus, certains personnages restant assez stéréotypés tandis que l'interprétation, fort correcte au demeurant, ne marque pas les esprits, l'excellent Richard Boone excepté. Maintenant, c'est vrai qu'il a quelques arguments, ce western.
Sa réalisation, Gordon Douglas faisant preuve d'un réel talent et pas mal d'idées pour impulser le récit, certaines scènes faisant forte impression
(l'affrontement « final » entre Boone et Anthony Franciosa, notamment),
certains protagonistes sachant évoluer (un peu) de façon intéressante. Un peu de tension sans que celle-ci soit exacerbée ou caricaturale, presque subjective. Sur une trame de départ fort classique (quelques militaires devant récupérer ou détruire des armes ayant été vendues aux indiens), on parvient ainsi à quelque chose de parfois inattendu, Douglas renvoyant presque dos à dos américains et apaches dans leur goût pour la violence, ce qui ne l'empêche pas, parfois, de la filmer très crûment, notamment à travers la scène particulièrement cruelle où
nos trois héros se font traîner au sol à grande vitesse par des chevaux.
La singularité de l'œuvre devient même assez forte lors du dénouement, à travers ce décor étrange et presque hors du temps construit par un colonel sudiste nostalgique de la Guerre de Sécession, et si la bataille finale manque un peu d'ampleur, sa conclusion s'avère pour le moins à contre-courant... Bref, si tout ne m'a pas emballé, peut-être aussi à cause de cet univers très viril inhérent au western, « Rio Conchos » reste un titre un peu à part, doté de particularités plutôt rares dans un western : série B, sans doute, mais de qualité.