Robin des bois, la véritable histoire (Anthony Marciano, France, 2015)

Robin est un jeune trentenaire, dont le rêve depuis sa plus tendre enfance est d’acheter un bar à pute. Il est toujours en galère de thune alors il vit de larcins commis à droite à gauche avec son complice, Tuck, un arabe juif homosexuel asiatique. Un jour c’est le gros casse et il peut enfin sortir de la cité et acquérir l’objet de ses désirs.
Ce point de départ est celui de ‘’Robin des Bois, la véritable histoire’’. Ce pourrait-être le point de départ de n’importe qu’elle petite comédie française urbaine, qui film les petits lutter contre les puissants, dans une société où les pauvres sont de plus en plus nombreux, méprisés par une bourgeoisie qui les écrases. Il y a dans ‘’Robin des Bois’’ un message sur le sujet, qui est plutôt bien amené, puisqu’il est rempli de bonnes intentions. Il insiste beaucoup sur l’altruisme, le partage, une quête de liberté et d’émancipation, dans un monde où il est de plus en plus difficile de trouver sa place.
Alors, ça aurait pu faire une comédie de mœurs amusante, mais à un moment, dans la chaîne créative ils se sont dit, ‘’Hmmm et si on faisait ça au temps de Robin des Bois, comme ça on fait un film à costume ?’’. Ho la fausse bonne idée. C’est pas en accumulant les anachronismes, en mettant de la musique actuelle, et en faisant parler ses personnages comme des types de la banlieue que ça rendra le film meilleur. Et durant 1h30, le métrage essaye de retrouver une fibre comique à la ‘’Astérix : Mission Cléopâtre’’ ou ‘’Kaamelott’’.
Sans jamais y parvenir bien évidemment. Ce qui créé une sorte de frustration au vu des moyens employés pour la création du film. Les costumes, les décors, tout est fait méticuleusement, et c’est bien fait, au point qu’on y croirait, il n’y a vraiment rien à dire. Mais tout est gâché par une piètre adaptation de la comédie, une direction d’acteur douteuse, un scénario aléatoire, qui par moment ressemble plus à une accumulation de sketches, que d’un seul et même film. La faute à un montage aux fraises.
Il est des fois dans la vie d’un cinéphile où il y a des petits moments de flottement. Le tour d’un sujet a été fait, rien n’attire particulièrement. Et c’est là, au plus profond de la détresse que des décisions étranges peuvent se prendre. C’est le cas pour ce qui concerne ‘’Robin des Bois’’ d’Anthony Marciano, déjà réalisateur du très bon ‘’Les Gamins’’ avec Alain Chabat et Max Boublil. Un film fun sur un trentenaire paumé, qui devient super pote avec son beau-père en pleine crise existentielle.
La recette d’un humour un peu potache, avec un bon timing, et des gags vraiment drôles, est la même utilisée ici dans le cas de ‘’Robin des Bois’’. Sauf que, ça ne marche pas du tout. Y’a rien qui colle, c’est censé se passer en Angleterre, mais à aucun moment ce n’est convainquant. Le film se reposant sans cesse sur un ressort de gags faciles, pas forcément drôles. Je crois avoir ri, vraiment, deux fois. Sinon c’est des sourires polis, quand c’est pas les yeux qui se lèvent au ciel.
Je pose la question, à quel moment un type a trouvé ça drôle de faire faire à Robin des Bois un chat-bite ? L’humour est plus bas que plafond, là c’est un retour à la cour de récrée du collège.
Sexistes, homophobes, racistes, les gags s’enchaînent à mesure que les situations voulument cocasses s’effondrent. Souvent ratés, rarement hilarant, c’est à croire que par moment on est face à un film de potes, à qui il a été confiés des millions et de la drogue. Dont le résultat est une envie de bien faire, mais jamais ce n’est pensé comme un film.
Gérard Darmon, Patrick Timsit, Michel Cremadès, Éric et Quentin (Les mecs de Barthez), Malik Bentalha, Ari Abitan et un caméo de Mat Pokora. Voilà un peu le genre de production que c’est.
Pourtant le film est pétri d’une vraie envie de bien faire et de passer un message, ça se voit à l’écran. Avec quelques gags bien senti, comme certains running gag, où le personnage de Darmon qui est absolument terrifiant, et peine à maitriser sa voix grave. Par contre pour ce qui est de Darmon, il a l’air de se demander ce qu’il fout là, et il se contente de ressortir sa prestation de ‘’Astérix : Mission Cléopâtre’’ justement.
Plein d’ambitions, ‘’Robin des Bois’’ échoue malheureusement là où il aurait dû exceller, qu’est la comédie. Puisque c’est un film qui se regarde pour rigoler, ça sert à rien d’attendre un truc de fou, c’est clair. Mais un minimum ça aurait été bien. Même si dans le fond, par moment il y a un plaisir coupable à se retrouver devant ce genre d’objet un peu nul. Le film a fait un bide, critique et publique, ce qui est assez peu étonnant au vu de sa qualité. Mais il fait partie malgré tout de ces comédies françaises un peu hors du temps, qui sont prises d’une certaine audace. Malheureusement ici l’audace peine à payer, certainement dû au fait que le film ne va pas assez loin, et reste trop dans les cadres de la comédie française classique. Là où il aurait gagné à plonger plus profond dans la gaudriole et l’absurde. Quand on regarde le projet, tout de suite c’est ‘’Holy Grail’’ des Monty Python qui vient en tête, film d’époque débile, plein d’anachronismes, mais fort d’une folie furieuse qui manque terriblement à ‘’Robin des Bois’’ version Marciano/Boublil.
Pas de nouveauté donc au niveau de la comédie française. ‘’RRRrrr!!!’’ reste à ce jour la dernière réussite au niveau de l’absurdité à la française au Cinéma. Même si ce ‘’Robin des Bois’’ est une tentative de jouer dans la même cour, la virtuosité comique manque à l’appel. Du coup il y a une fascination qui s’installe pendant le visionnage, avec cette idée tenace que ça aurait pu être carrément bien. Et en fait c’est juste une comédie… française… de plus…


-Stork._

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le 22 févr. 2020

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