T'es là , tu marches dans la rue sans penser aux choses que les gens qualifient d'intéressantes
et primordiales dont tu te fous éperdument comme les primaires des partis , le sida , la guerre au Vietnam alors que t'es dans ton monde à penser à Jacques Cheminade et son plan pas si bête de vouloir coloniser Mars , bref le seul politique qui te fasse rêver. Tu te situes au-dessus de tout ça parce que tu penses correctement et que toutes les merdes du monde n'en valent pas la peine parce que tu sais que c'est juste une question de business. La politique c'est bon pour le 19ème siècle.


Puis le voilà qui arrive , lui. Enfin c'est plutôt toi qui arrive à lui et c'est un mur que tu vas devoir traverser , un mur d'un mètre quatre vingt quinze de hauteur et de largeur (financé par le gouvernement mexicain mais ce sont encore que des rumeurs). Il est là , debout , sans broncher , ses lacets de rangers au vent accompagné de son léger parfum d'essence Diesel , d'un super jean et d'une veste bleue claire giga cool. Lunettes de soleil , bien évidemment. Quand tu l'aperçois , tu continues de marcher mais cette fois-ci avec une boule au ventre. La même que quand tu croises un gars que t'as connu y'a archi-longtemps et pas vu depuis , suffisamment pour ne pas lui adresser la parole et faire style de regarder autre part et penser à autre chose alors qu'en vérité t'es en train de prier pour pas qu'il te reconnaisse et te dise "heyyy salut ! Comment ça va depuis le temps". Que nenni , avec "lui" ça se passera pas comme ça.


De base , si t'as pour habitude de marcher à une vitesse supérieur à 2,5 km/h , tu vas beaucoup trop vite pour espérer passer en douce.


Alors tu continues. Petit pas , petite pas , petit pas , petit pas , petiET VOILA .... le petit pas de trop , celui qui t'as fait marcher dans sa zone , son espace vital , son cercle qui correspond au cinéma. A partir de ce moment précis , on peut tamponner sur ton front "va s'en prendre une sévère". Tu le vois fermer le poing , tu commences à t'inquiéter , c'est pas tous les jours qu'un mec en chaussures rangers serre fermement le poing en te fixant en plein milieu d'une rue. T'en viens à te demander si un de tes ancêtre noir (alors que t'as tout d'un blanc) n'aurait pas massacré son ancêtre blanc (qui l'avait peut être cherché). Nul besoin de flipper , cette branlée , c'est celle que t'as toujours voulu.


Et la mandale tombe , tel un père alcoolique qui rentre tard chez lui complètement déchiré et qui voit ses magnifiques enfants , ses créations , le fruit de ses entrailles ainsi que sa femme située près de leur très bel escalier.


Cette mandale n'était pas comme les autres à commencer par la fait qu'il y avait marqué quelque chose dessus. Il était écrit Verhoeven sur les doigts de sa main droite (en petit caractère ça passe). C'est à dire que tout le poids de la réalisation de ce hollandais avec forts troubles violents t'ais tombé dessus sans prévenir , sans crier gare. En un seul coup , t'as pu ressentir tout le sens du rythme du nom marqué sur ce poing et de cet individu debout devant toi tandis que t'as le cul par terre. Comme si une machine t'avais percuté de plein fouet de ses rouages mécaniques et automatisés.


Ensuite tu (essayes) de reprendre tes esprits. Ensuite tu (toujours dans un contexte d'essai) de te remettre debout. Ensuite tu retombes. Ensuite tu t'en prends une autre , rapide et jolie , mais celle-ci , la main gauche , c'est Science-Fiction qu'il y avait dessus (Science sur un niveau de phalange et Fiction sur l'autre). Là encore , tout le poids d'un univers futuriste cohérent avec une histoire passionnante d'un homme détruit et recycler en machine à tuer en quête d'identité dans un monde en proie à la violence , à la décadence télévisuelle et à la perte de valeurs importantes vient de s'écrouler sur ton visage. Ça ne te frappe plus , ça s'écroule sur toi.


T'as résisté à la tentation de pas t'effondrer par terre , sur ce magnifique trottoir fait de chewing-gum incrusté et de goudron chauffant à 50 degré celsius en plein Soleil où pourrait reposer ta tête. Pourtant tu sais que ce moment va arriver. Il finit toujours par arriver. Cet instant qui conclut chaque match de Smash Bros aussi délicatement soit-il. Le coup final. Celui-là , tu vas le sentir et il n'ira pas de main morte , ça non. Il va y aller avec sa semelle. Une semelle de cinq centimètre d'épaisseur sur une taille 46 où il y a marqué "film d'action efficace". Une explosion Verhoevienne qu'on appelle ça. Des trois coups qu'il t'a mis , c'est celui-ci qui va te percuter , c'est celui-ci qui va faire que tu vas te rappeler de ce gars pour le restant de tes jours.


Ce mec , on l'appelle Robocop.


Faut faire très attention car il a deux frères. L'un avec un tour de bras de la taille de tes cuisses du coup c'est pas de sa semelle qu'il faut avoir peur , et l'autre avec un CGHigh-Kick assez impressionnant pour son âge.

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le 30 janv. 2017

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