Guillaume, Marion, Gilles.... et les autres

Pour son cinquième film en tant que réalisateur, Guillaume Canet aborde un sujet délicat : lui-même. A travers sa crise de la quarantaine, il va tenter de montrer l'envers du décor en faisant preuve d'auto-dérision en s'entourant de sa compagne, son agent, son producteur, ses amis, bref de tout ceux qui composent son univers.


C'est une interview qui va mettre le feu à la poudre dans la tête de Guillaume Canet. Le regard que porte sur lui sa jeune partenaire Camille Rowe, va lui faire péter les plombs. Son échec aux césars ne va pas arranger son cas, comme de vivre dans l'ombre de sa star internationale de femme Marion Cotillard.


Ricky Gervais avait déjà exploré le côté gênant de l'ego d'un acteur en jouant avec Warwick Davis dans Life's Too Short. Louie C.K. se met en scène dans Louie en interprétant un personnage presque autobiographique. Eric Judor avait fait de même avec sa série Platane. Bref, ce procédé n'est pas nouveau et vu le niveau des trois séries citées précédemment, le défi s'annonce difficile pour Guillaume Canet. Il a choisi un format différent en optant pour une version cinéma de 2h. C'est un brin suicidaire, car ce n'est pas évident de tenir en haleine son public face aux digressions d'un acteur créant le malaise lors de diverses situations. D'ailleurs, il ne va pas réussir à nous embarquer jusqu'au bout dans sa crise existentielle. La faute a un choix scénaristique alourdissant son propos et son physique.


La première partie est réussie. Guillaume Canet sait créer le malaise en étant arrogant et insultant face à l'équipe de tournage, tout en nous faisant rire avec ses lamentables improvisations en pleine scène. Avant de nous faire entrer dans l'intimité de sa vie de couple qui ronronne. Marion Cotillard prend le relais et va surprendre. Elle est en pleine préparation pour un rôle dans un film de Xavier Dolan et ne va donc plus que s'exprimer en québécois. Elle va avoir cette déroutante réflexion : Un rôle devrait soit avoir un handicap, soit un accent. L'actrice devient rapidement difficile à vivre, alors que l'acteur a mal à sa couille et désire sa jeune partenaire Camille Rowe. Il va alors tenter un pathétique bain de jouvence en voulant à nouveau jouer les jeunes premiers et briser son image de gendre parfait.


La seconde partie est assommante. Le recours à la chirurgie esthétique est une bonne idée, du moins au début. Au lieu d'explorer les différentes facettes de la vie d'acteur, en créant des situations absurdes avec ses amis, tel Gilles Lellouche. Il va s'enfoncer en déformant son visage, puis son corps à coups de complément alimentaires et de séances de musculation. L'idée de départ était intéressante et il semblait être en capacité de nous surprendre jusqu'au bout. Malheureusement, il cède à la facilité et le trait devient aussi grossier que sa transformation. Pour ne rien arranger, il va lamentablement rater sa fin. On reste perplexe face à son propos. En substance, il nous dit que le plus important c'est l'intérieur et non l'extérieur de la personne. Certes, c'est beau mais politiquement correct, alors que le film était entrain de dynamiter son image, pourtant cela se finit comme un Walt Disney. Est-ce le fait de se retrouver à Miami en parodiant une série, avec plus ou moins de talent. A moins que cela soit un ultime pied de nez à soi-même. Peu importe, il est tombé dans l'excès et rate sa sortie.


Au final, on retiendra le passage chez Johnny Halliday, le pétage de plombs du producteur Alain Attal avec le soutien de Yvan Attal et le talent comique de Marion Cotillard éclipsant Guillaume Canet à chacune de ses apparitions. Elle se moque plus facilement d'elle-même, alors que son compagnon joue juste un sale con en pleine crise de la quarantaine. C'est une demi-réussite, surement à cause de son problème psychologique à une seule de ses couilles.

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le 20 févr. 2017

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Laurent Doe

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