Rock'n'Troll

Rock'N'Roll de et avec Guillaume Canet, sa femme, ses potes, ses producteurs, son fantasme et sa BM. Et oui, vous avez bien compris, il s'agit d'une autobiographie détournée de notre étoile du cinéma français. Il met en lumière des sujets plein de sens et importants, auxquels le public ne pense pas forcément, par exemple, comment rebondir après un échec commercial, comment vivre la multiplication des miroirs quand on vieilli, comment être fidèle quand où toutes les petites comédiennes de 20 ans te désirent (les chroniqueuses cinéma de 28 ans aussi d'ailleurs) comment ÊTRE dans un monde de paraître, et surtout comment être Rock à 40 balais quand tu as été clarinette et hautbois toute ta vie.

Tout le monde fait sa crise de la quarantaine mais alors Canet lui, il personnifie le mot « paroxysme » et il la carrément romancée, sa crise, fait produire, filmée, montée et en plus il faudrait qu'on paye 12 balles pour la voir. Bon ok, personne nous force mais le casting est alléchant et la curiosité mal placée l'emporte. On se retrouve donc devant un film complètement barré qui est ni vraiment fait ni franchement à faire, une sorte de « Ma Femme est une actrice » d'Yvan Attal mais en poussant le bouchon loin, plus loin et franchement trop loin, Maurice. Le personnage principal, qui s'appelle évidemment Guillaume Canet se détraque progressivement et multiplie les réactions qui nous foutent mal à l'aise.
Sous couvert de déni de vieillesse, il nous livre un produit gênant, qui ne se situe nul part. On dirait vaguement une comédie, mais c'est écrit comme un drame. On dirait vaguement une tragédie mais c'est bourré de vannes, parfois drôles il faut le reconnaître. On capte l'idée et l'autodérision mais il en fait trop, il ne maitrise pas son sens de l'absurde ni le burlesque.

Je ne m'attendais à rien en allant voir ce film, et je suis quand même déçue. A défaut d'être rock, c'est complètement ringard.

Tout ça c'est la première partie d'un film qui démarre juste mal et dont la mayonnaise ne prend jamais. La seconde partie est une descente aux enfers des personnages, à la fois de Guillaume Canet notre petit prince du cinéma, et de Guillaume Canet son avatar. C'est indescriptible, malsain, de mauvais goût et en roue libre totale. Je reconnais à Canet un certain sens du jusqu'au boutiste appréciable, mais quand t'enfonce ton clou de travers dès le début, arrête de foutre des coup de marteau, ça sert à rien, ça tiendra pas et au mieux tu détruits toute la structure sur laquelle tu bosses depuis 18 ans.

On reconnaitra quand même que Marion Cotillard frôle la perfection et elle, elle a vraiment compris le sens de l'autodérision. Elle est le véritable point fort du film, et sauve littéralement le côté comique. Les scènes avec Yvan et Alain Attal, deux des producteurs les plus influents du cinéma français, sont à mourir de rire. Superbement écrites et interprétés. Au top de ce que tout le film aurait dû être.

A propos des producteurs, Rock'n'Roll est sans motivation, sans message et à la fin on se rend compte : sans but. On se demande comment un film pareil peut voir le jour et pourquoi personne ne semble vouloir l'arrêter.

Guillaume Canet a sombré après « Blood Ties », et il ne semble pas avoir le matos pour remonter à la surface. Il nous livre un bordel intime, probablement cathartique mais franchement gênant. Espérons que les recettes du film lui permettront de se payer une bonne thérapie parce que c'est tout ce dont il a besoin. A moins que ce caprice n'en soit pas un et que cette satyre soit uniquement mise en place afin de faire le buzz, une sorte de Rock'n'Troll finalement.