Rock'n Roll par LuluCiné

Après un passage à vide Guillaume Canet revient avec un nouveau film très personnel, puisqu'il se base sur sa propre vie, mais en élargissant largement le trait pour foncer dans la comédie jusqu'à oser le ridicule. Rock'n'Roll commence donc sur un plateau de cinéma et arrive très vite à perdre le spectateur sur le vrai du faux tellement les détails semblent réels. Mais peu à peu le film passe de la comédie à la parodie, larguant au passage toute volonté de garder une part réelle. Canet pousse alors le jeu plus loin en allant jusqu'au bout de ses délires. La première partie offre d'ailleurs des moments savoureux où tout le monde joue le jeu de l'auto-dérision, Marion Cotillard en tête. Le pétage de plomb par lequel passe Guillaume Canet est assez savoureux dans son approche de crise de la quarantaine ; néanmoins il pousse son personnage à l'extrême et c'est là qu'il largue le spectateur. Pour autant on accepte le naufrage bien conscient que derrière se cache une véritable déclaration d'amour à sa femme, au delà du fond qui ne semble poser aucun problème au réalisateur. Bref la critique du vieillissement difficile n'est pas l'enjeu du film mais seulement le moyen de faire basculer le personnage dans l'absurdité.
Au final on est quand même un peu déçu par l'artefact que propose Canet, d'autant qu'on était séduit par sa vision d'un cinéma français plan-plan qui se regarde le nombril. Sans compter qu'il embarque dans son sillage un casting de choix qui ancre son propos encore plus dans une réalité palpable de sa vie de Guillaume Canet. Rock'n'Roll devient alors un exutoire pour le réalisateur qui va jusqu'au bout de son délire sans rogner une miette de réalisme (chapeau au maquillage) et qui garde tout de même son effet comique.