• T'as pas mal ! - J'ai pas mal !



Si vous voulez considérer la toute puissance de Balboa, dites-vous que Rocky c’est ce boxeur qui part dans l’est enneigé en pleine guerre froide pour affronter le champion local en représentant l’Amérique. A la fin, c’est toute la Russie qui scande son nom.



Balboa tabasse le soviétique !



Bien, commençons par le contexte et le sous-texte du film, on ne peut pas parler de Rocky 4 sans ça alors allons y. C’est la guerre froide, Rocky débarque au pays du marteau et de la faucille pour tendre une main salvatrice vers un peuple mécanisé, déshumanisé et lui rendre lumière, raison et sourire. C’est la balourdise sans honte d'années Reagan hargneuses, c’est ces croisades qui, en 85, firent de Stallone le porte étendard de la bannière du bien, d’abord dans la jungle (Rambo 2) puis ici sur le ring. C’est ce guerrier iconique, le visage broyé par l’ennemi, ressuscitant dans l’arène, les bras vers le ciel, nappé dans son linceul étoilé. C’est abjecte, c’est risible, c’est l’Amérique imbue et boursouflée se noyant elle même dans ses films de propagande, heureusement, on a fait beaucoup de chemin depuis, on peut désormais en rire. Bon maintenant vous m’excuserez mais je vais oublier toute objectivité, ça m’embarrasse.




  • Chez un poids lourd normal, l'impact d'un coup de poing est d'à peu près 100kg de pression par cm². Comme vous le voyez Drago a une force
    de frappe de 1850 livres soit 925kg de pression. Le résultat saute aux
    yeux.

  • Et quel est ce résultat ?

  • Ce que son poing rencontre est détruit.



Si on se libère de toute considération historico-politique, Rocky 4 c’est avant tout un combat dantesque et ultra jouissif à base de détonations et de synthé. Dans le point rouge, on accueil le nouvel ennemi, Ivan Drago, géant de glace qui est encore aujourd’hui le dernier boss de la carrière du boxeur italien. C’est un antagoniste sculpté à la hache dans une montagne, un des plus mythiques ennemis de tous les temps, entrant en scène de manière effroyable par le meurtre brutal d’Apollo Creed. 3,15 mètres de haut, 2 tonnes, des stock-cars en lieu et place des poings, Ivan Drago incarne une terreur brute, de cette terreur qu’on doit ressentir quand on se retrouve sur l’épicentre d’un tremblement de terre ou de quelque autre inexorable apocalypse. Drago c’est un camion d’azote liquide, les yeux métalliques, trois répliques, la stature d’un séquoia fossilisé, la démarche d’un panzer, le corps d’un géant émergé des forges d’HéphaÏstos et le regard perdu d’un enfant qui s’apprête à arracher les ailes d’une mouche pour voir ce que ça fait. Et la mouche ici, c’est l’Amérique.
En face de lui, c’est Rocky Balboa, la version Over the Top, celui qui s’entraîne à la hache dans des forêts gelées par -50 degrés. Rocky 4 c’est Stallone, évidemment, beau comme un dieu grec, la barbe broussailleuse, soulevant une charrette à bout de bras. C’est le Rocky de tous les excès, guerrier, destructeur, barbare, s'entraînant dans le froid et la glace au fond d’une grange miteuse. C’est un taureau fou renâclant dans une lande immaculée, à l’assaut du bourreau de son ami et maître. Rocky vengeur, qui soulève des rochers, marche dans la neige en portant des chênes centenaires sur ses épaules, escalade une cousine de l’Everest en une poignée de minutes pour hurler le nom de sa Némésis sur les cimes du monde. Cette fois ci on y est, plus aucun rapport avec la réalité, on va assister au choc des titans.



Je reste imbattable. Il n'y a personne qui me bat. Un jour je le
battrai le vrai champion. S'il meurt, il meurt.



Mais Stallone derrière la caméra, c’est quand même l’assurance de personnages attachants, qu’ils soient cons comme des barriques ou plein de bon sens moral, on ne peut qu’encourager ou détester amoureusement ces figures improbables. L’un a beau être uniquement là pour endosser le rôle d’un tank invincible, il n’est pas non plus la brute simplement dégénérée, férue de violence létale comme l’incarnait Jean Claude Van Damme dans Karate Tiger (chef d’oeuvre hautement recommandable pour d’autres raisons, un film avec un type qui se fait entraîner par le fantôme de Bruce Lee), il se révèle comme aussi dangereux et sauvage que perdu, esseulé, inquiet et évidemment manipulé par la machine soviétique. Et c’est un réel charisme qui surnage sur la gigantesque étendue musculeuse de cette triste créature de Frankenstein engendrée par des esprits fous et constamment escortée par un arsenal de machines clignotantes. Un rôle parfait pour l’acteur suédois, gigantesque, inexpressif et accessoirement surdoué.



Je vais te briser.



En face de lui, la principale activité de Stallone a beau être de beugler dans les granges ou au sommet des montagnes, il n’en est de son côté pas moins nuancé, bien plus effacé, résigné et fataliste que le Balboa surexcité et enragé de L’Oeil du Tigre. Un personnage qui dirige tout un film en forme d’adieu, où tous montent sur le ring pour mourir. On pourra dire ce qu’on veut sur ce film, sur son combat final, disons le, complètement hilarant et sur son troupeau de caricatures et d’articles de la boutique des souvenirs des années 80, entre l’entourage de Drago tous issus de la famille Dracula et celui de Balboa qui s’offre des putains de robots à leurs anniversaires, mais n’oublions pas non plus le sincère amour que porte Stallone à son personnage. Tout ça est fait avec tant d’attachement, d’authenticité, de dévouement et ça se ressent tellement que c’en est irrésistible.




  • Cette fois tu l'amoches, là y s'inquiète, tu lui fais mal, TU LE TABASSES ! T'as vu ? Tu vois ? C'est pas une machine, c'est UN MEC !
    Un coup d'plus et tu gagnes ! T'as pas mal !

  • J'ai pas mal !



Et puis alors ce combat final. Parce que Rocky 4, c’est ce combat final. Le combat final de Rocky 4. Quelle bataille finale est aussi furieuse que le combat final de Rocky 4 je vous l’demande. Pas plus que contre Clubber Lang, nous n’assistons ici à un combat de boxe. C’est la troisième guerre mondiale qui a lieu sur ce ring. Ce combat final, c’est l’apothéose du cinéma excessif, c’est une bataille entière, une armée déchaînée possédant chacun des deux hommes, le gouffre de Helm condensé dans un fossé. Toute mesure n’a plus le moindre sens ici, les coups sont atomiques, chaque crochet au visage résonne comme une porte enfoncée, chaque coup au corps fait s’envoler l’adversaire du sol, les visages se déforment au ralenti, c’est à nouveau l’alliance parfaite entre film de guerre sanglant et cartoon débile. Alors évidemment c’est jouissif, ça bourrine au rythme du synthé de Vince DiCola, ça se noie sous une avalanche de répliques dégobillées par des présentateurs en pleine inspiration, c’est brutal, furieux et c’est le principal but du film.



Oui Rocky ! Casse lui la tête Rocky ! Arrache lui la tête !



Mais hé, encore une fois c’est pas Karate Tiger ou Rambo 2, y a un truc en plus d’un combat sacrément bien foutu dans l’excès. Rocky fonce tête baissée, se perdant dans une rage cathartique et Drago perd son regard dans le vide avant de se rebeller contre son créateur, et ce sont deux coqs désincarnés qui s’entretuent comme des pantins à la solde insensée de pays en guerre contre des chimères. Et c’est dans une morale simpliste et touchante d’enthousiasme que le film clôture le combat, adressé à tous comme une réprimande à un gamin turbulent.


Alala j'en ai chié pour condenser, j'voulais mettre des blagues partout pour me cacher mais j'aime vraiment ce film donc soyons sincère deux minutes. Je sais que j'vous ai habitués à plus de subtilité et plus de mesure, mais là j'm'en lasse pas, j'adore.



Tout l'monde peut arriver à changer.


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le 8 août 2016

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zombiraptor

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