Sélectionné pour le festival de Cannes 2017 - compétition officielle svp - ce film de Jacques Doillon sentait l'oeuvre destinée à alimenter les conversations de ces personnes qui aiment beaucoup parler et surtout s'extasier sur des terrains déjà balisés. On apprécie Auguste Rodin parce que sculpteur reconnu dont certaines compositions ont été aimablement prêtées par le prestigieux musée Rodin pour figurer dans le film. Tout va bien puisque le film est réalisé par Jacques Doillon, réalisateur reconnu pour sa propension à s'interroger sur les affres de la création artistique. Pour attirer le grand public, Vincent Lindon incarne le sculpteur et la charmante Izia Higelin incarne Camille Claudel, connue pour avoir inspiré Rodin et partagé sa vie, avec des conséquences assez désagréables pour elle. Alors, si le film montre Rodin au travail et face à la critique, il se concentre essentiellement sur sa vie sentimentale tumultueuse. L'intérêt est d'autant plus discutable qu'on ne voit pas la montée de la folie chez Camille Claudel, peut-être parce que le film de bruno Nuytten l'a déjà fait avec Isabelle Adjani et que la comparaison aurait été cruelle. Izia Higelin joue de son charme et part du fait de sa jalousie. Jalousie vis-à-vis de qui ? Vis-à-vis de Rose dont on se demande bien ce que Rodin pouvait lui trouver, tant Séverine Cannelle qui l'interprète apparaît dépourvue de charme, de sensibilité artistique, de sensualité et de grâce, malgré ce qu'elle affirme ! D'autre part, il est question d'enfants qu'elle aurait eu de Rodin mais qu'il n'aurait jamais reconnu. Pourquoi les évoquer puisqu'on ne les voit jamais, sauf une excpetion avec l'un devenu jeune adulte à qui il donne des ordres d'attitude déférente vis-à-vis de lui en public. Donc, le spectateur qui voudrait s'intéresser au sculpteur Rodin voit son combat pour imposer une statue assez moche de Balzac et reste sur sa faim car les démêlés sentimentaux prennent le dessus, dans un film qui fait quand même 2 heures. Autre déception, je n'ai jamais pu oublier pendant ces 2 heures que c'est Vincent Lindon qu'on voit affublé d'une grosse barbe pour imiter le physique de Rodin. et puis, les déplacements des personnages, autour des oeuvres de Rodin particulièrement, font toujours très calculées et manquent de naturel. Regrettable dans un film où il est question d'art et où l'inspiration devrait être fondamental.

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le 9 juin 2017

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