Avec Rogue One, Disney propose un produit assez particulier, un OVNI si l'on peut dire, dans sa conception habituelle des univers cinématographiques (Marvel et Star Wars donc). Premier spin-off sur au moins trois, c'est aussi le plus risqué ; il n'a pas pour héro principal un personnage connu de l'univers, l'issue de son scénario est déjà connue. A priori, le film ne présente que peu d'intérêts et on se demande pourquoi Disney s'est lancé là dedans, hormis pour "l'argent facile" que promet tout film Star Wars.
Pourtant, le film est dans l'ensemble assez réussi. Tout d'abord, la réalisation demeure de très bonne facture et il faut reconnaitre que Gareth Edward a "une patte", en particulier de sa façon de jouer avec les échelles de taille. Le film regorge ainsi de plans particulièrement réussis, en particulier ceux avec l’Étoile Noire. Il sait aussi filmer les batailles et à ce titre, celle sur la planète tropicale est particulièrement réussie, avec trois séquences mémorables :
l'arrivée de la flotte Rebelle, l'introduction de l'AT-AT (vraiment magnifique) et l'arrivée du croiseur de Vador
.
Dark Vador, parlons-en. Si j'ai été dubitatif lors de sa première scène, me demandant si l'on ne s'était pas trompé d'univers et qu'en fait, on allait nous montrer Sauron, sa deuxième est jubilatoire. Enfin nous voyons le seigneur Sith faire la démonstration de toute sa puissance et de toute sa brutalité.
Sinon l'ambiance est plutôt réussie également et la patine de la trilogie initiale est respectée, sans pour autant tomber dans les travers de l'Episode VII.
Cependant, le film n'est évidemment pas exempt de défauts. On a ainsi droit à quelques moment tout droit sortis de la dimension du nanard,
en particulier dans la mort de certains personnages (on a le droit à deux "argh je suis mort dans tes bras" un peu lourdingues).
Ensuite, je veux bien admettre que les Stormtroopers ne savent pas viser, mais il va falloir trouver autre chose pour justifier la survie des héros parce qu'à certains moments, cela devient ridicule
(exemple quand le droïde se trouve debout immobile derrière un panneau de commandes et que les Stormtroopers ne parviennent pas à le toucher à 10m dans un couloir)
Pour terminer avec les défauts, évoquons les personnages du "samouraï" et de son pote à la gatling. Pour faire court, ils sont inutiles, dans le sens où ils pourraient être remplacés par n'importe qui d'autre. Il n'ont pas, en eux-mêmes, quelque chose qui fait avancer l'histoire. Ils aident les héros certes, mais fondamentalement, ils ne sont pas indispensables à l'intrigue et ne lui apporte aucune clef qu'ils auraient été les seuls à être capables de fournir. Ils sont justes des "buddies". Et le côté "wannabe Jedi" du premier à un côté un peu pathétique et dérisoire je trouve...
Enfin, je termine sur deux points, qui ne sont pas des défauts, mais plutôt des déceptions. Depuis l'Episode VII, Disney tente de mettre un peu de "gris" à cette saga considérée comme trop manichéenne. Ici, on y parvient qu'à moitié. Ainsi nous présente-t-on le personnage joué par Whitaker comme le "dark side" des Rebelles. Et c'est en vérité assez bien amené tant le parallèle avec l'actualité est frappant. Celui-ci est donc qualifié "d'extrémiste" ; les habits de ses partisans évoquent clairement ceux des mouvements insurgés du Moyen-Orient et d'Afghanistan, brouillant la ligne entre "freedom fighters" et terroristes. Son système respiratoire évoque celui de Vador. Et il torturent. Seulement voilà, aussitôt nous sont-ils présentés qu'ils sont oubliés presque instantanément. Dommage alors qu'il y avait a priori beaucoup de matière. J'ai aussi cru à un moment qu'on allait avoir un méchant nuancé, mais non.
Deuxième déception : le moment où l'on passe d'une somme d'individus, passablement égoïstes, à un groupe tout entier "dévoué à la Cause". C'est trop rapide.
Ha oui quand même un mot sur les acteurs "ressuscités". C'est une opinion toute personnelle, mais je ne suis pas à l'aise avec le procédé. C'est certes techniquement impressionnant, mais déjà ce n'est pas indispensable ici dans le cas de ce film. Il était possible je pense de seulement évoquer les personnages ou du moins ne pas montrer leur visage. Mais surtout qu'est-ce que cela est censé véhiculer en terme éthique. Comment doit-on interpréter le fait qu'une compagnie privée puisse exploiter votre image bien au-delà de votre mort, vous faire bouger, parler, interagir, etc. ?
Pas question naturellement d'approfondir cela ici d'autant que je ne parvient pas à y mettre les mots exacts, mais voilà : le procédé me gêne et j'espère qu'il ne deviendra pas une norme.