L'un des faits les plus problématiques, parmi les conséquences du rachat de Lucasfilm-et de la franchise Star wars, par Disney-, mis à part la volonté claire de tirer massivement des profits financiers, grâce à la franchise ( qui n'est pas nouvelle, au demeurant, admettons-le ! Mais il faut bien admettre, qu'avec Disney, cette tendance est exacerbée... ), reste et demeure l'absence d'organisation, de plan clair, et, en réalité, de véritables ambitions artistiques ( dû sans doute à l'inexistence, ou tout au moins, au caractère visiblement limité des effectifs, d'une production, capable de soutenir des artistes, faisant des choix audacieux et ambitieux ). En bref, Disney, cherche, à tirer des profits de Star wars, à tout prix, quitte à provoquer des catastrophes organisationnelles, qui rend le processus de gestation des oeuvres d'art, souvent extrêmement compliqué ( les deux derniers films de la franchise, Solo : a Star Wars story et Star Wars, épisode IX : L'ascension de Skywalker, ont tous deux eu à subir un changement de réalisateur en cours de route... ). Ajoutons à cela l'incapacité chronique des producteurs de la célèbre société de production à savoir ce qu'est un bon film ( c'est logique ; cela faisait depuis longtemps, qu'il n'était pas habitué à tenter d'en faire... ), et une inaptitude parfaite à faire la différence entre l'originalité et le bazar, entre la cohérence avec l'univers et l'absence d'originalité. Il faut d'ailleurs bien admettre que les A Star Wars story, sont non seulement globalement plus réussis que les autres films de la franchise, ayant vu le jour depuis le rachat, mais qu'il bénéficie aussi d'un climat plus favorable, étant moins attendus, suscitant des réactions moins passionnelles et étant du coup moins clivants. En un sens, Gareth Edwards, a eu de la chance, ayant dû sans doute subir moins de pression qu'un Rian Johnson ou qu'un J.J. Abrams. Mais on ne saurait prétendre, qu'il n'eut que de la chance.
Le talent est évident dans Rogue one : A Star Wars story, malgré une première demi-heure assez banale et franchement confuse ; c'était nécessaire, pour permettre à la suite du film d'advenir-et elle vaut le coup d'oeil.
Les personnages, si rapidement présentés dans la première partie, s'avère tellement humains, chacun à leur manière, au fur et à mesure que Rogue one : a Star Wars story, prend un tour plus dramatique, et que l'image, somptueuse, et la mise en scène, portée par une musique à la fois originale et qui a déjà un petit air de déjà vu, qui représente parfaitement le film. Car c'est là le vrai tour de force de Gareth Edwards : non seulement, les acteurs jouent tous parfaitement leurs personnages, non seulement la mise en scène est endiablée, non seulement les décors sont somptueux, non seulement la réflexion sur la résistance, non pas face à l'Empire, mais face à tous les despotismes, à toutes les tyrannies, à toutes les hégémonies, en même temps, face à l'hégémonie dans la sphère politique et à l'hégémonie de la sphère politique, est remarquable, mais aussi et surtout, Gareth Edwards, a su trouver la juste alchimie entre le renouveau de l'univers et la cohérence avec le reste ( l'un des rares défauts du film, est une légère tendance au "fan-service", mais c'est assez marginal pour être pardonné ). Que l'on me pardonne, mais je ne peux me retenir de dire qu'il a apporté l'Equilibre dans Star wars.
La question de la rébellion, centrale dans le film, est à mon avis très intéressante : pourquoi se révolter ? comment se révolter ? A cette question, chaque personnage apporte son éclairage : pour les uns, se révolter est une évidence pour d'autres, de la révolte semble une voie moins indispensable. Pour certains, tout se justifie pour la rébellion, la fin justifiant les moyens ( d'où le fait qu'apparaisse le personnage de Saw Guerrera, rebelle "extrémiste"... ). Même parmi les rebelles, des divisions, des débats, se font jour. L'Empire, tel que dépeint par le cinéaste, est également très intéressant. Déjà esquissée ( mais à peine ), dans la trilogie originelle, la peinture d'une bureaucratie, qui annihille les individus, est ici renforcée. Il est frappant de remarquer, que tandis que l'Empire, est incarnée par des soldats impersonnels en uniforme, les soldats de l'Alliance rebelle, eux ont toujours leurs visages bien visibles. D'autre part, le fait que les fantassins rebelles, soient, de toute évidence, bien moins uniformisés et endoctrinés, que les fantassins impériaux, ne peut que renforcer cette impression. C'est avec beaucoup d'intelligence, que le cinéaste, pointe les dégâts, de cet état de fait, qui met fin au sentiment de responsabilité individuelle, et donc, à toute conscience, et, donc à toute morale. En cela, on peut même dire qu'il vulgarise un peu certains idées d'Hannah Arendt, sur le procès d'Eichmann.
J'aimerai dire un mot des acteurs. Ils sont tous remarquables, sachant créer une empathie avec leurs personnages complexes au destin tragiques. J'aimerai dire un mot, de Ben Mendelsohn, charismatique en haut fonctionnaire impérial et des irrésistibles Donnie Yen et Jian Wen,.
L'histoire, elle aussi, est remarquable. Elle mêle les registres, avec habileté, sans pour autant perdre son unité et sa cohérence. Elle est un petit peu complexe, mais pas beaucoup trop, sombre et mature, réfléchie, exploitant avec intelligence, ces thématiques : la guerre, la dictature, la rébellion... Excellent ( voire exceptionnel ! ) moment de cinéma, Rogue one : A Star Wars story, fait partie de ces rares films, capables d'ouvrir de nouvelles perspectives, dans un univers. Rogue one : A Star Wars story, n'est pas non seulement un bon moment de divertissement, mais un film, qui marquera l'histoire de Star Wars, et, peut-être, du cinéma.

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le 22 mai 2020

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