Idée intéressante mais mal exécutée !

Scénario :
Prenant des témoignages de passionnés du film Shining de Stanley Kubrick (certains au point de l'avoir vu 30 fois) "Room 237" décide de démontrer à quel point certaines personnes peuvent aimer une oeuvre au point d'en voir des sens cachés complètement délirant. Ou différent. Et on ne les voit pas, sans doute parce qu'une partie d'entre eux doivent vivre cachés depuis 18 ans sous des plaques d'aluminium et d'autres doivent ne pas vouloir se faire filmer par peur que le fantôme de Stanley Kubrick vienne leur péter la gueule pour avoir dit de la merde sur son film.

En tant que sujet d'étude :

"Room 237" est un bon sujet pour analyser à quel point la sur-sur-interprétation d'une oeuvre peut amener à des idées délirantes.

Tout y est bon pour voir des messages cachés : erreurs interprétées comme volontaire, comptage de nombres arbitraires, contre-sens, détails passés au filtre. Les mecs revoient le film 30 fois, le passent au ralenti, refont le parcours des personnages pour voir s'il est possible, voire, à la toute fin, le projetent "une fois à l'endroit et une fois à l'envers" en superposant la bande ce qui donnera forcément une interprétation possible ainsi que des coïncidences. (On est pas loin de ces gens qui regardent le Magicien d'Oz en écoutant "Dark Side of the Moon" et ont l'impression que la bande son colle par certains endroit.)

Au final, on pourrait se laisser porter par ces interprétations farfelues les voyant comme autant de mythes que les gens s'inventent ce qui raconte presque une histoire parallèle à celle de Shining. On peut raconter des histoires par dessus l'histoire, comme ce fan qui est persuadé que la chambre 237 est celle du studio où Kubrick a filmé l'alunissage.

Mon avis personnel :

Ça aurait été intéressant si le montage n'était pas si nul !

Chaque intervenant à sa théorie sur le film, toutes très différentes et pourtant au lieu de nous les présenter séparément, Rodney Ascher les mélange toutes. Alors, certes, cela présente une certaine continuité (on parle d'abord de la première expérience avec le film, des enquêtes, de la théorie puis de la façon dont on tiens ses conclusions...) mais on finit par tout mélanger. Le fait qu'on ne voit pas le visage des protagoniste n'aide pas, on se raccroche juste à leur voix qui n'ont rien d'exceptionnelles. On oublie que le conteur fait aussi la tonalité de l'histoire.

De plus, si parfois le film se montre inventif reproduisant les schémas des intervenants (le tracé du tricycle, des extraits de la superposition du "film à l'envers et à l'endroit") la plupart du temps on a juste le droit à une sorte de "remplissage", histoire d'avoir à illustrer quelque chose : c'est un mélange d'extraits de Shining, d'autres films de Kubrick, d'images de spectateurs d'autres films matant un Shining réincrusté en post-prod, etc... Celle-ci augmente le côté "fouilli un peu rébarbatif" de l'ensemble, rendant le tout assez lassant à la longue et incompréhensible.

On se perd dans les litanies folles et on a vite envie de zapper. D'autant plus que la fin ne mène à rien. Il paraît que Stephen King a coupé sa télé après avoir vu la moitié du documentaire. Le veinard.

PS : En plus de cela, certaines théories sont échafaudées sur des détails inexacts. Ainsi, dans l'une d'entre elle, l'auteur identifie le "réveil" de Danny par le fait qu'un des autocollants sur la porte de sa chambre ai disparu dans un faux raccord. Selon le théoricien celui-ci représente Dormeur (donc, "Dormeur" qui disparait = réveil.)

Sauf que c'est pas Dormeur mais Simplet. C'est d'autant plus facile à répérer que c'est notoirement le seul qui n'a pas de barbe.