" Mais il est complètement fou, ce pneu ! "
Si le titre de cette critique vous semble particulier (absurde, en fait), il n'en est pas moins représentatif du film. Cette phrase, prononcée par moi-même en le regardant résume son non-sens.
Déjà, le film s'ouvre sur un chemin dans ce qui ressemble à un désert et où des chaises sont disposées ; une voiture arrive, essaie de slalomer entre les chaises mais les fait toutes tomber. On assiste à un speach d'un type (visiblement agent de police), sur le non-sens du cinéma et les nombreuses incohérences inexpliquées qu'on y trouve, et présente ce qui va suivre comme un film en hommage à tous les "aucun-sens" qu'il vient d'évoquer de manière non exhaustive. Arrivent ensuite des gens, dans un pannel assez large (un père et son fils, un vieux, deux copines un peu bêtes, un type en fauteuil roulant...), à qui un type en bicyclette donne des jumelles et informe que "la projection du film va bientôt commencer", sur quoi, il repart. Les personnes sus-nommées placent les jumelles sur les yeux, et observent au loin, attendant que "le film commence". Puis l'un d'eux s'écrit "regardez, il se réveille ! Ca commence !". Là dessus, on assiste nous aussi à la "projection", on voit un genre de décharge, avec un pneu dans le sable sur lequel la caméra se fixe ; le pneu frémit, sort du sable, et commence à prendre vie et évoluer, avance lentement, tombe, se relève, croise des objets, entre en contact avec eux, les écrase, les détruit. Puis il rencontre un lapin, le fait exploser étrangement, et s'intéresse ensuite aux humains.
S'ensuit une alternance de séquences où l'on voit les spectateurs (qui commentent et meurent de faim), et de séquences où l'on voit le pneu, le tout entrecoupé des deux types du début qui semblent vouloir éliminer les spectateurs pour retourner à leurs activités.
Ce film, présenté par l'un des personnages comme un film sur le non-sens, respecte très bien en cela sa ligne directrice (oui, c'en est une). Le spectateur (comme moi) oppose au début quelques résistances, complètement largué. Puis on entre dans le film, on joue le jeu, et on apprecie.
Il n'y a pas long à épiloguer sur le film, tout est étrange, absurde (même si l'on arrive à suivre un minimum une progression entre le début et la fin), et on peut ainsi difficilement caler dans une critique les remarques habituelles de type "on ne s'attend pas à la fin", "de bons rebondissements", "dès le début la fin est annoncée" etc., puisqu'on n'attend pas grand chose du film, on veut juste continuer de regarder pour voir où ça va finir, ce qui va se passer, pour peut-être comprendre à la fin où Quentin Dupieux veut en venir.
Au final, on ne sait toujours pas vraiment, on hésite entre trouver ce film juste absurde et y trouver des sens cachés, de grandes métaphores de la vie etc.
Pour ma part, j'ai bien aimé ce film, même si trop d'absurde me donne souvent envie de pleurer d'incompréhension (et oui). J'ai particulièrement apprecié les concepts de "film dans le film" et de métacinéma qui sans être totalement inédits sont traités ici de manière très intéressante. A voir, donc.
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