Ce film est mon 3ème Dupieux après Wrong (que j'avais moyennement apprécié) et Réalité (que j'ai trouvé très intéressant mais dans lequel je ne suis jamais rentré). Au contraire de ces deux autres films, j'ai beaucoup apprécié Rubber.
La mise en abîme du cinéma a toujours intéressé Dupieux et ce film en est la preuve tout comme Réalité (ou même Non-film, que je n'ai pas vu). Sauf que l'histoire de Rubber reste plus compréhensible (tout en étant complètement absurde) et moins labyrinthique que celle de Réalité.
On suit pendant 1h18 un pneu qui tue froidement quiconque se mettant au travers de son chemin, une sorte de serial killer en caoutchouc quoi! C'est absurde, normal puisque c'est un film de Dupieux. Cependant, on se rend vite compte que cette intrigue est vite complémentée par un sous-scénario traitant de cette fameuse mise en abîme du cinéma qui va habilement mêler et entrelacer les spectateurs et le film qu'ils regardent. C'est la partie la plus intéressante du film, donc je n'en dis pas plus pour vous laisser la surprise.
Cette mise en abîme et ce côté très absurde génèrent de nombreuses scènes comiques qui ne ressemblent en rien aux comédies que je connais (malgré l'absurde, on est dans un tout autre registre que les Monty Python par exemple ou qu'une comédie délirante à la Edgar Wright). L'humour est ici très discret et ne cherche jamais à s'imposer à tout prix. C'est un sentiment assez étrange mais en même temps assez unique qu'on ressent devant ce genre de scène.
De plus, on retrouve la même esthétique si particulière avec des couleurs très claires et assez pâles, cet ensoleillement si singulier qu'on retrouve dans la plupart de ses films. C'est une marque de fabrique en quelque sorte. On ne peut que apprécier de tels décors naturels et un tel éclairage tellement généreux et travaillé.
Autre point qui fait que je préfère ce film à Réalité, c'est la musique. Dans Rubber, elle est de Dupieux alias Mr Oizo mais aussi de Gaspard Augé. Elle est assez variée, et très agréable à écouter selon moi, avec de vrais morceaux de chansons par moments. Dans Réalité, elle est le fruit de Mr Oizo est n'est qu'une tonalité électro peu recherchée, répétitive et agaçante!
Enfin, un dernier bon point de Rubber: c'est un film court! Comme le fait de voir un pneu se balader tout seul et tuer des gens à répétition devient assez vite répétitif, le fait de s'arrêter à temps une fois qu'on a épuisé tout ce qu'on pouvait de l'idée de départ est une qualité indéniable! (chose qu'aurait dû faire Gaspard Noé dans Enter the Void, au passage...)
Bref! A tous ceux qui ne connaissent pas encore Dupieux, je les invite à commencer par Rubber, qui est très accessible, très agréable, bien rythmé et pas trop long. De plus, je trouve qu'il reflète très bien le style de Dupieux, son absurdité et sa volonté de brouiller les pistes entre le cinéma et la vie réelle en jouant avec la notion de spectateur.