Après avoir vu Réalité, un de mes amis m'a fortement conseillé (voire harcelé) avec Rubber, le deuxième film de Quentin Dupieux, qu'il trouvait encore plus "What the Fuck" que ses autres films. C'est maintenant chose faite.
Rubber nous raconte l'histoire d'un pneu vivant, télépathe et psychopathe, attiré par une jeune fille, Sheila. Tuant tout sur son passage, les autorités se mettent à sa recherche. Je vous ai fait la version courte et à peu près simple à comprendre, car il y a d'autres éléments plutôt étranges dans ce film.
Rubber est, pour moi, au même niveau que Réalité. Là où Réalité nous proposait un scénario assez "simple" sans trop de choses insensés (et encore), Rubber nous plonge dans un univers qui défient toutes les lois de la nature et du cinéma. Cependant, la narration de ce dernier reste assez simple, allant d'un point A à un point B, contrairement à Réalité, où tout va partir en couille dans la deuxième moitié du film. Un des points fort du film, c'est qu'il ne traîne pas en longueur : il ne dure 1h30, et c'est assez rare à l'heure actuelle pour ne pas être souligné. Cependant, cette courte durée de film ne va pas nous empêcher de réfléchir aux nombreux questionnements que nous offre le film. Tous semblent pouvoir être résolus avec l'introduction du film qui fait l'apologie du "aucun sens" au cinéma, mais je pense que l'on peut voir plus loin qu'avec cette simple réponse (je ne vais pas trop m'avancer, ne voulant pas spoiler et dire des bêtises).
Passons à la réalisation. Dupieux réussit un coup de maître, qui est de nous faire croire que ce pneu est vraiment vivant, et au-delà ce ça, qu'il possède une âme voire une conscience, le tout sans ajouter lui ajouter des éléments de l'ordre du vivant, comme une voix ou des yeux. Non, il reste un simple pneu. Ainsi, on le voit venir au monde et faire ses premiers pas, ou plutôt ses premiers tours, fébrilement et avec peu d'équilibre, avant de suivre le parcours initiatique d'un tueur en série : il passe augmente la taille de ses victimes au fur et à mesure et découvre ses pouvoirs télépathiques. Lorsqu'il "voit" quelque chose, le cadrage fait en sorte qu'on ai vraiment l'impression qu'il possède un regard, contemplatif lorsqu'il observe Sheila, ou terrifiant lorsqu'il s’apprête à tuer quelqu'un. Le reste de la réalisation est bonne, mais je trouve que la façon dont est filmé ce pneu est particulièrement impressionnante. De plus, on retrouve des compositions de Dupieux par dessus ces images, qui suivent bien ce que fait le pneu : une mélodie douce et lente lorsqu'il va s'endormir, un thème joyeux et entraînant après qu'il ai tué un lapin ou encore une musique plus mystérieuse lorsqu'il s’éveille pour la première fois.
SI vous êtes intéressés par des films étranges et hors du commun, je vous conseille vraiment Rubber. Il ne prendra pas beaucoup de votre temps, mais restera certainement gravé dans votre mémoire pour au moins un des aspects que j'ai cité précédemment.