Deuxième réalisation pour Quentin Dupieux et une question se pose préalablement : est-on un fou ou un génie quand on décide de filmer pendant 1h30 les aventures d'un pneu psychopathe et pervers dans un univers totalement absurde ? Réponse au tout début : aucun des deux, il n'y a aucune raison à cela. Ce n'est ni de la folie, ni de l'inspiration artistique, on a juste envie de filmer un pneu psychopathe et pervers dans un univers totalement absurde... Un peu facile mais si l'on y regarde de plus près la vision du réalisateur tend à se rapprocher du courant de pensée « dada » du début du 20ème siècle, à savoir le rejet de toute raison et logique, l'affranchissement de toutes conventions esthétiques et idéologiques. Alors branlette ou pas branlette ? Pas branlette puisque passé 15 minutes franchement chiantes, « Rubber » s'avère vraiment très drôle dans l'absurde. Des dialogues totalement décalés, des personnages complètement loufoques et de bonnes grosses scènes gores volontairement crades permettent de capter efficacement l'attention sans véhiculer le moindre message pompeux. Dupieux laisse entière liberté d'interprétation à son spectateur et le film peut s'envisager comme une comédie absurde et décalée. Techniquement bien maîtrisé, « Rubber » est un curieux objet à l'esthétique originale faisant passer un bon moment sans que ce ne soit du très grand cinéma. Un petit OVNI sympathique en somme.