Andréi Konchalovsky est un cinéaste difficile à appréhender. Quelle différence entre son premier film, Le Premier Maître (véritable chef d'oeuvre à découvrir absolument) et Tango et Cash, film d'action idiot (dans mes souvenirs du moins) ! Le frère du réalisateur Nikita Mikhalkov ne se laisse pas enfermer dans un genre, et parvient, parfois, à nous surprendre agréablement.
C'est le cas ici. Runaway Train : un simple film avec un train incontrôlable ? Beaucoup plus que cela !

Le film commence par une critique virulente de la politique carcérale américaine. Les premières scènes se déroulent dans une prison de très haute sécurité en plein Alaska. Les détenus sont considérés comme des animaux sauvages, et le deviennent forcément. Brutalités, insultes, violence, brimades constantes, tout est fait pour les déshumaniser.
Et dès ce début, on comprend que Konchalovsky ne va rien nous épargner. Pas de filtre pour atténuer la cruauté : dans ce film, tout est cru, brut de décoffrage. Filmé au plus près des personnages, on assiste à des scènes difficilement soutenables, très loin de ce qui se pratique à Hollywood habituellement.
Et cette réalisation restera en dehors des canons hollywoodiens pendant tout le film. Ainsi, la musique est quasiment absente, rendant les scènes encore plus crues. En fait, la musique est liée au train : elle apparaît en même temps que lui, nous montrant clairement qui est le personnage principal du film. Car le train est un personnage à part entière, et il n'est pas sympathique. Petit à petit, l'apparition de sa locomotive défoncée va devenir effrayante.
Autre infraction aux règles hollywoodiennes : aucun personnage n'est un "gentil". Les détenus évadés et réfugiés dans le train sont devenus des sauvages, des bêtes féroces et violentes. Jamais on avait vu Jon Voight aussi excellent et terrifiant. Face à lui, le directeur de la prison est une véritable ordure, et je ne parle même pas des employés des chemins de fer !

Alors, le film connaît quelques baisses de rythme et toute cette violence devient parfois gavante, mais il faut saluer Konchalovsky pour ce qu'il a fait : un grand film d'action, angoissant et novateur.
SanFelice
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le 3 sept. 2012

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SanFelice

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