Rush
7.2
Rush

Film de Ron Howard (2013)

Le seul drame capillaire acceptable de l'histoire du cinéma

Ah, les années 70 ! Ses pantalons bizarres, cette insouciance ambiante, cette impression que la vie peut se vivre au jour le jour car tout va bien et tout ira bien après. Ah, les années 70 où un pilote de F1 trouvait "normal" d'avoir 20% de risques de mourir à chaque course ! Maintenant ils doivent redoubler d'imagination pour vivre dangereusement en se crashant en avion privé ou en allant faire du ski hors-pistes. Les pauvres.
Rush nous replonge dans cette ambiance. L'esthétique du film nous donne l'impression d'avoir été fait à cette époque. Bon, je n'y ai jamais vécu, je ne peux même pas téléphoner à mes parents en demandant naïvement "dis, Papa, c'était comme ça ?", je ne peux qu'imaginer ou regarder des reportages. Mais j'ai trouvé ça très bien fait.


Que je vous arrête tout de suite, je ne suis pas une inconditionnelle des biopics. Déjà, je trouve qu'il y en a trop en ce moment et qu'il n'est pas forcément intéressant de raconter la vie d'un mec de 25 ans juste pour faire de l'argent. On pourrait au moins attendre un peu. Quand c'est la vie bien remplie d'un vieillard - ou d'un mort mais il est de plus en plus rare qu'on ait le respect d'attendre qu'il cane pour maquiller un type qui lui ressemble vaguement - on a du mal à équilibrer le récit. Soit on parle trop de son oeuvre et c'est chiant à mourir, soit on parle trop de sa vie privée et c'est chiant à mourir parce qu'en fait on apprend que n'importe qui fait caca - même moi, désolée de vous décevoir. Soit on lui fait chasser des vampires...Non, je divague.


Là où Rush fait fort, c'est que ce n'est pas un biopic. C'est un bi-biopic. Deux fois plus de choses à raconter en autant de temps, ça permet déjà d'augmenter un peu le rythme. Le récit est bien équilibré entre les deux pilotes, permet de (re)découvrir ces as du volant et leurs personnalités bien différentes. L'équilibre est aussi respecté entre la piste - où on les voit passer sauvagement des vitesses dans leurs bolides - et la vie privée - où on les voit passer sauvagement des vitesses dans leurs boli...voitures de tous les jours.
Dans un film où l'on passe des vitesses à tout bout de champs, le manque de rythme aurait été un comble !


Les acteurs sont bons, la rivalité plus complexe qu'elle n'en a l'air au départ est palpable et certaines scènes bien pensées. Sans doute un peu romancé mais le scénario permet à Daniel Brühl de se promener affublé d'un drame capillaire digne des pires coupes de tout les temps sans pour autant que cela ne me permette de couper ses cheveux en quatre. Une performance.


Sans doute les dimanches passés avec mon Papa devant la F1 m'ont sensibilisée à ce sport et m'ont donc permis d'apprécier le film à sa juste valeur. Même de lâcher mon tricot - fait rare, Mister Nomé pourrait en témoigner - pendant certaines phases de courses.


Peut-être en fait que les biopics n'intéressent que si le sujet de départ intéresse. Comme pour n'importe quel film, en fait. Ou alors, c'est le côté bi-biopic. Dans ce cas j'ai plein d'idées.
Brush : un film sur Brassens et Damon Hill
Prush : un film sur Proust et Jacky Ickx
Frush : un film sur Frédéric François et Jacques Villeneuve
...

Nomenale
8
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le 1 févr. 2014

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Nomenale

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