Sabotage ou Sabordage, bref un ratage.
"Sabotage" est une catastrophe, la faute à un scénario qui fourmille de bonnes idées mais qui est incapable de les exploiter et part dans tout les sens, tout en introduisant trop de personnages qui manquent de relief. Skip Woods est un spécialiste du genre, on lui doit les navrants "Opération Espadon", "Hitman" et "X-Men Origins : Wolverine", vous voyez le genre....Dommage pour le talent visuel de David Ayer, qui s'offre deux bonnes scènes d'actions mais se plombe aussi avec un excès d'hémoglobine dont on pouvait se passer.
Arnold Schwarzenegger ne peut plus jouer les "action hero", il semblait avoir compris cela dans l'excellent "Le dernier rempart", mais il retombe dans ses travers avec un personnage censé être complexe, hanté par la mort de sa femme et son fils torturés par les tueurs d'un cartel mexicain, cela a un côté snuff movie qui confirme l'excès de violence qui flirte avec "Saw", je n'adhère pas.
En dehors de Sam Worthington, le reste du casting est dans l'excès, cela semble être le maître mot du film. On met du temps à les identifier, il faut dire qu'ils n'ont aucune psychologie, en dehors de faire des concours de mâles avec un trop plein de testostérones, ils n'apportent rien d'autre et quand le massacre commence, on s'en tape un peu tellement ils sont vides. Pourtant, on a Mireille Enos mais en dehors de l'excellente série "The killing", elle est lamentable, elle en fait toujours trop, jusqu'à une fin risible, autant pour sa performance que pour la raison, elle touche le fond. Que dire de Terrence Howard qui est devenu la pleureuse officielle du cinéma hollywoodien, il a toujours sa scène ou il fait son chien abattu, tout en étant transparent, il est désespérant. Josh Holloway est une bonne gueule, en dehors de ça, il n'apporte pas grand chose. Joe Manganiello, je ne connaissais pas et il ne m'a pas marqué, il a un physique imposant et puis c'est tout. Max Martini et Kevin Vance, qui ? La question se pose encore après le film, inexistants. Enfin le duo de flics, Olivia Williams énervante qui s'offre une love story avec Schwarzy, la blague...et son coéquipier Harold Perrineau qui s'en sort bien avec les miettes qu'on lui offre.
David Ayer est plus à l'aise en mettant en scène des duos masculins, comme Christian Bale & Freddy Rodriguez dans "Bad Times" puis Jake Gyllenhaal et Michael Pena dans "End of watch", deux excellents films policiers, sombres et émouvants, ce qui surprend agréablement. Sauf qu'ici, l'histoire se perd en offrant différentes pistes : qui est le ou les tueurs ? Celui qui a volé l'argent ou le cartel ? Tout en offrant une nouvelle direction avec en ligne de mire notre Schwarzy, mais c'est tellement mal emmené, que j'ai décroché depuis un moment, ne tenant plus que par la grâce de deux scènes d'action parfaitement maîtrisé.
La première, c'est la scène d'introduction qui annonce un film d'action jouissif, mais vous avez compris que ce ne sera pas le cas, en dehors d'une scène ou l'unité d'élite prend d'assaut une planque en grillant la police, le reste ne fonctionne pas, les deux scènes finales ne rattrapant pas le calvaire d'une histoire éparpillée comme le corps de Pyro et flirtant avec un côté gore malvenu, navrant.
Je garde ma confiance en David Ayer, son prochain "Fury" a un casting intéressant et surtout, il est de nouveau au scénario en solo comme dans ses précédents réussites. On va dire que "Sabotage" est un accident dû à une production chaotique, David Ayer arrivant en cours de route, Bruce Willis quittant le navire et des scènes retournés pour plaire au public après les fameux tests négatifs, dû à un Schwarzy trop sombre, pauvres fans fragiles. Une grosse déception, que je vais faire en sorte de très vite oublier, il ne mérite rien d'autres.