Samsara
7.9
Samsara

Documentaire de Ron Fricke (2011)

Permanence de l'éphémère

L'immersion totale que procure le format 70mm combinée aux prises de vues dantesques de Ron Fricke donnent le tournis. "Samsara" redonne au cinéma son sens initial, un fabuleux spectacle d'images et de sons.

Vingt ans après le sublime "Baraka", le chef opérateur de "Koyaanisqatsi" réitère l'expèrience, baladant son regard aiguisé aux quatre coins du monde.
Armé de sa caméra chargée de cette fameuse pellicule 70mm, il continu de scruter notre planète à petite comme à grande échelle, à la recherche du merveilleux, de l'insondable.
Des bordels thaïlandais au désert de sable, du Qatar au Mont Saint-Michel, des prisonniers philippins aux tribus africaines, des statues bouddhistes aux sex dolls japonaises, Ron Fricke photographie un monde qui en vingt ans, à finalement très peu changé. La beauté côtoie toujours la laideur, la richesse, la pauvreté, et les mêmes frontières séparent les mêmes territoires.
Le cinéaste américain fait le même constat, si bien que l'optimisme timide mais réel de "Baraka" laisse désormais place au désarroi. Là où l'un terminait dans les étoiles à la manière d'un voyage cosmique, l'autre semble vouloir rester sur terre. L'heure n'est plus à l'évasion mais à la méditation.

A la manière d'un instantané, en témoignent les nombreux portraits qui émaillent le film, le cinéaste capture l'essence de notre monde pour en tirer une "carte d'identité" cinématographique.
Kaléidoscope géant à la facture formelle rarement égalée où la musique majestueuse de Michael Stearns transcende les images belles jusqu'à l'absurde d'une caméra tantôt à fleur de peau tantôt dans les nuages, "Samsara", comme "Baraka", parle de tout ou presque. Des pyramides égyptiennes aux échangeurs de Los Angeles, du baptême à l'enterrement, du bouddhisme aux judaïsme, du gaspillage au recyclage, on observe, on découvre, on voyage, on rit, on pleur, on s'interroge, on s'émerveille, on patiente, on s'indigne, on s'évade, on réfléchit... Peu de films peuvent se vanter d'offrir une si large palette d'émotions.

Pour approcher son oeuvre, Ron Fricke évoque le concept bouddhiste d’impermanence où rien n’est acquis, rien n’est fixe, rien n’est immuable.
Comme ces moines tibétains s'affairant avec minutie à la conception d'un magnifique mandala qu'ils balayeront de la main une fois terminé, "Samsara" est une oeuvre fascinante et fragile, pertinente et exigeante.
Anyo
10
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Original Motion Picture Soundrack, La bluraythèque idéale, Visuellement étourdissant, Un film, un plan. et 10/10 vus au cinéma

Créée

le 29 mars 2013

Modifiée

le 29 mars 2013

Critique lue 1.8K fois

48 j'aime

3 commentaires

Anyo

Écrit par

Critique lue 1.8K fois

48
3

D'autres avis sur Samsara

Samsara
Anyo
10

Permanence de l'éphémère

L'immersion totale que procure le format 70mm combinée aux prises de vues dantesques de Ron Fricke donnent le tournis. "Samsara" redonne au cinéma son sens initial, un fabuleux spectacle d'images et...

Par

le 29 mars 2013

48 j'aime

3

Samsara
Krokodebil
8

Merveilleuses constructions de l'impalpable

Difficile de revenir sur Samsara après l'avoir vu. Les milliers de plans qui défilent, la variété des objets filmés, la rapidité d'enchaînement des images et l'aspect massif de l'oeuvre sont autant...

le 28 mars 2013

36 j'aime

3

Samsara
Deleuze
9

Vingt mille lieues sur la Terre

Samsara de Ron Fricke est une longue poésie, un tableau vivant de la Terre. L’idée de passer une centaine de minutes en face d’une œuvre non verbale peut sans aucun doutes en rebuter plus d’un mais...

le 6 juin 2013

21 j'aime

13

Du même critique

Game of Thrones
Anyo
8

(R)évolution télévisuelle

HBO a régné sur le petit écran pendant une bonne dizaine d'années avec des séries comme "Oz", "Les Sopranos", "Six Feet Under", "The Wire", "Deadwood" et j'en passe. Avec l'arrêt des "Sopranos" et...

Par

le 6 juin 2012

143 j'aime

24

Only God Forgives
Anyo
8

Le langage du silence

Le cinéma est un art Visuel et Auditif. Notre cher réalisateur Danois acquiesce et nous livre une oeuvre à la facture audio-visuelle irréprochable. "Only God Forgives" rejoint "Samsara" et "The...

Par

le 24 mai 2013

140 j'aime

11

Un prophète
Anyo
9

Merci Monsieur Audiard

Le cinéma français d'aujourd'hui c'est quoi ? C'est son film le plus cher : "Astérix aux jeux olympiques", c'est Michael Youn qui réalise, c'est la dernière miss météo qui joue les premiers rôles,...

Par

le 18 déc. 2010

93 j'aime

4