Samurai Fiction (1998) - SF サムライ・フィクション / 111 min.
Réalisateur : Nakano Hiroyuki - 中野裕之
Acteurs principaux : Hotei Tomoyasu - 布袋寅泰 ; Kazama Morio - 風間杜夫 ; Fukikoshi Mitsuru - 吹越 満 ; Natsuki Mari - 夏木マリ ; Ogawa Tamaki - 緒川たまき ; Tani Kei -谷啓).
Mots-clefs : Japon ; Samurai ; Hommage.


Le pitch :
Japon, 1696. La paix règne sur le territoire sous le contrôle du shogun. Mais Kazamatsuri, samurai rebelle, initialement chargé de la garde du sabre offert par le shogun au clan Nagashima, décide de le dérober et s'enfuit. Heishiro, le fils du Grand Conseiller du clan - de retour de Edo où il est supposé avoir appris l'art du sabre - en fait une affaire de vie ou de mort, et se lance à la poursuite du fugitif…


Premières impressions :
26 juin 2000 – 2 heures du matin. Je viens d’avoir quinze ans et après de longues négociations avec ma mère, une petite télévision toute neuve est installée dans ma chambre. Bien entendu j’ai promis de ne jamais l’allumer la nuit, ce qui relève évidemment du bon gros mensonge. Ainsi, à peine ma mère couchée, je calfeutre la porte de la chambre et j’allume mon récent cadeau d’anniversaire sur Arte. Ce soir là, c’est une spéciale samouraï et les guerriers nippons, les katanas et tutti quanti titillent mon imagination. La réception n’est pas très bonne, mais j’ai planqué une fourchette sous mon lit afin de l’accrocher à l’antenne et améliorer l’image – les joies de la télévision hertzienne.


Ce soir là, je découvre pour la première fois le cinéma japonais grâce à un film qui explosa ma notion du cinéma : Samuraï Fiction. A l’époque, je fréquentais régulièrement les salles obscures mais j’y voyais principalement des blockbusters américains, des dessins animés et des comédies françaises – pas franchement des programmes de cinéphiles. Samurai fiction, avec son noir et blanc (et rouge) magnifique, sa narration très proche des chambara classiques, son esthétique incroyable et sa bande son à la fois rock et funky m’ouvraient les yeux sur un monde différent, sur des symboles, des images, que je ne connaissais pas. Je suis instantanément tombé amoureux du Japon ce jour là. C’est grâce à ce film, à son humour, à son hommage aux classiques mais aussi à sa manière de pousser les murs en collant une musique contemporaine et « jeune » à une esthétique ancienne, que j’ai voulu découvrir d’autres films japonais cet été là : Kurozawa Akira et les sept samouraïs, Kitano Takeshi avec Hana-Bi, Imamura Shoheï avec De l’eau tiède sous un pont rouge et L’anguille…Voilà les films fondateurs, ceux qui m’ont fait basculer vers la culture japonaise.


En revoyant le film hier soir, je me suis rendu compte que Samurai Fiction a tellement marqué mon imaginaire que ses acteurs et ses personnages restent les archétypes de ma mémoire quand il s’agit de récits similaires. Par exemple, lorsque j’ai lu La pierre et le Sabre d’Eiji Yoshikawa, Hotei Tomoyasu était ma vision de Musashi, Natsuki Mari était Okô et la belle Otsû ne pouvait s’imaginer que par le visage d’Ogawa Tamaki. Surtout, je crois que c’est l’autodérision et le gentil pastiche qui m’ont convaincu tout autant que l’esthétique sublime. Les scènes comiques (Tani Kei en ninja est inoubliable) apportent une distance, un côté fondamentalement humain aux personnages du récit, mais toujours avec une grande tendresse.
Samurai fiction
n’est pas un film idiot qui se contente d’esthétiser le chambara et d’y coller une musique incongrue, c’est aussi une manière d’offrir une porte d’entrée sur le genre. Une façon de réaliser un vrai film de sabre, mais sans se prendre au sérieux. Sans ce décalage de ton, Samurai Fiction n’aurait rien apporté de nouveau.


Dix-sept années après ce premier film qui m’a ouvert les portes du Japon et par effet de bord de l’Asie, j’ai voyagé cinq fois au Japon, je suis parti cinq fois en Corée du Sud où j’ai vécu plusieurs mois, j’ai visité Hong-Kong, je me suis essayé au japonais, au chinois et le coréen est devenu ma troisième langue, j’ai pratique le kendô durant six ans, le naginata pendant cinq, j’ai vu des centaines de films venus d’Asie et je me suis fait des amis à l’autre bout du monde. Si je ne peux pas résumer tout ça à un seul film, il est certain qu’en ce 26 juin 2000 à deux heures du matin, Samurai Fiction a créé l’étincelle.

GwenaelGermain
10
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le 17 juin 2017

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