Sanctuaire
6.2
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Film de Michele Soavi (1989)

Avant tout, je dois avouer que ce film a une place particulière pour moi.


Grâce à La Chiesa, j'ai découvert:


-la jeune actrice Asia Argento


-l'acteur Tomas Aranas


-l'organiste Philip Glass.


De plus, c'est aussi à la suite de ce film que j'ai commencé à m'intéresser à la sombre période de l'Inquisition (et qui m'a permis d'avoir envie de voir Ken Russel's The Devils et Le Nom De La Rose), ainsi qu'à l'histoire des Chevaliers Teutons (qui n'ont pourtant pas de connections directes avec la folie de l'Inquisition comme montré dans le film, puisque l'Ordre Teutonique n'y a jamais pris part).


Si on on oublie le côté historique véridique, La Chiesa s'intéresse donc au massacre d'un groupe de personnes, sensés être des adorateurs de Satan.
Les Chevaliers Teutons les annihilent donc et jettent les cadavres dans une fosse (dans une scène sublimée par le Floe de Philip Glass).
Il est décidé de construire une église pour sceller la fosse, car de la sorte le Mal en sera prisonnier à jamais.


Puis nous sautons au présent (soit l'an 1989) dans un lieu indécis dans le scénario (les extérieurs étant filmés à Hamburg (RFA), tandis que les scènes dans l'église sont tournées en Hongrie et certaines scènes le sont à Rome.


Bref, un nouveau bibliothécaire (laissant apparaitre une personnalité trouble) arrive dans cette cathédrale, où officie une restauratrice d’œuvre d'art (transpirant la sexualité).
S'y trouve aussi une ado de 14 ans -Lotte- qui est la fille du sacristain et s'enfuit chaque soir de l'édifice par un passage secret, pour aller faire la fête.
N'oublions pas de mentionner l'évêque -sombre personnage énigmatique et un prêtre Noir.


Lisa (Barbara Cupisti) -ordonnant à ses ouvriers d'arrêter les travaux dans le sous-sol de la cathédrale- y trouve un parchemin.
Elle le fera passer à Evan (Tomas Arana) pour que celui-ci le traduise.
Il y est question d'un secret concernant l'édifice médiéval.
Après avoir désengagé la sculpture ornant la croix du sous-sol (celle que l'Ordre Teutonique a jeté sur la fosse aux cadavres), Evan a une hallucination puis son comportement devient étrange, voire obscène.


Le Mal contenu dans la fosse s'est maintenant répandu dans la cathédrale et la contamination maléfique risque de se répandre à l'extérieur, sauf si le secret de l'architecte est révélé...


Bénéficiant d'une ambiance "malade" (le comportement des personnages, dès lors que le visage aux 7 yeux a été déplacé), de la réalisation inspiré de Michele Soavi et d'une BO aux accents mystérieux (Keith Emerson, The Goblins et Philip Glass), La Chiesa sort du film d'horreur classique en mettant en scène un récit mêlant histoire, mythologie et imagerie diabolique.


Même si l'interprétation n'est pas toujours à la hauteur (peut-être est-ce voulu, pour accentuer le malaise), le film se pare de séquences mystiques (le bruit "fantôme" de sabot des Destriers Teutons, le secret "interdit" concernant le mécanisme de la cathédrale, les parchemins mystérieux, le questionnement sur le bien-fondé de la Foi et ses dérives totalitaires...) qui permet à ce long métrage (pour ceux qui le regarderont attentivement, en passant outre le côté série B Transalpine) de passer un moment somme toute assez étrange.
Étrange, car la décadence s'insinuant lentement dans le récit (avec des apparitions très symbolique de signes diaboliques, comme un "mignon" -un démon aux ordres de Satan- ayant pris corps du sacristain, une créature ailée enlaçant une femme nue et bien sûr, la représentation caprine du Seigneur des Ténèbres himself, dans une scène d'offrande sexuelle).
Et le film de se clore sur une fin très énigmatique (Lotte sourit à la lueur bleue, est-ce parce qu'elle revoit ses parents vivants ou alors un heureux présage ou bien encore, est-elle acquise à la cause de Satan?), achevant de faire de cette Chiesa un long métrage définitivement intriguant.


De fait, ce film détonne dans la carrière d'Argento (ici co-scénariste et producteur, d'où la présence de sa fille Asia) car nous n'y retrouvons pas ses gimmicks habituels (qui a dit, Thanks God?).


A mon sens, un film qui mérite que l'on s'y attache malgré son aspect "rustique".


Tout cela grâce à la persévérance de Soavi, de ne pas inclure ce film dans une trilogie "Démons", soit deux films gore à outrance mettant en scènes des créatures vilaines bouffant des gens...
Peut-être le seul film Italien du genre, qui s'affranchit du style habituel (soit des films gerbeux et/ou inconsistant) de l'époque.

The Lizard King

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8

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