Sars Wars
5.6
Sars Wars

Film de Taweewat Wantha (2004)

Encore du cinéma thaïlandais aujourd'hui, et pas des moindres: des zombies, du sexe de ninja moderne, un homme à gros seins, un drag-queen avec un gros serpent, un bébé qui fait du saut à l'élastique avec son cordon ombilical ... j'ai déjà vu des films complètement délirants, se pastichant eux mêmes, poussant l'absurdité à son paroxysme, mais celui là a fait une entrée fracassante dans le top du n'importe quoi ne faisant rire qu'un cocaïnomane en pleine extase. Et le pire, c'est que ça n'a presque aucun rapport avec Star Wars.

L'histoire, comme si tu y étais

Après une intro en dessin animé avec du sang tout partout (un trait très comic-book, comme dans un vieux clip de Gorillaz), le film débute sur un kidnapping. Des hommes en costard conduisant une voiture, avec une fille assez jeune à l'arrière, voient leur attention détournée par une femme en bikini sur le bord de la route. A peine ont ils eu le temps de se rincer l'œil qu'un mec dans un costume d'ours se jette sous les roues de la bagnole. Ils s'arrêtent pour vérifier si tout va bien et l'attaque commence. C'était un piège, et la femme en bikini en faisait partie. Une fois la baston finie, la fille se fait embarquée par la femme en bikini qui est en fait un homme avec un masque (comme dans scoubidou) ...

En deux minutes, je me demandais si ce film était le résultat d'une tentative de réinsertion sociale d'un réalisateur allumé ou si j'étais en présence d'un bijou cinématographique qui allait traverser l'histoire à la vitesse d'un nageur dans une chute d'eau (avec le vent dans le dos).

La scène suivante montre le père de famille demandant à un vieux de l'aider à retrouver sa fille. Mais le vieux n'a pas envie. Alors le père menace de tuer le vieux si il ne l'aide pas. Mais le vieux sage rétorque que si il meurt, il ne pourra plus l'aider. Dépité, le père menace de se tuer si il ne l'aide pas, mais le vieux s'en branle, chacun fait ce qu'il veut de sa vie. Dans un éclair de génie, les hommes de mains du père embarquent le vieux et le torturent ... en lui chatouillant les pieds avec une plume. Comme cela est insupportable, il finit par accepter d'envoyer un de ses disciples, avec des bottes de pêcheur et habillé couleur vert pomme/mauve capable de mettre tout le monde à poil dans une pièce en dansant le jerk avec son sabre.

Deux minutes après ma première question, j'avais ma réponse: la drogue c'est mal, mais ça fait réaliser des films distrayants.

La troisième scène (la première, mais je voulais en parler en dernier) apporte le dernier ingrédient: une pandémie mondiale transforme les gens en zombies. La Thaïlande est restée pure jusqu'au moment où une mouche africaine a pris ses valises pour aller dans cette contrée sauvage. Une scènette rigolote, avec une musique de publicité (ou d'ascenseur funky), où l'on suivra les pérégrinations de la bébête dans son périple jusqu'à la terre promise, via des cartes postales d'Égypte, de Grèce, de France et d'Australie ... on voit qu'une mouche c'est féminin: absolument aucun sens de l'orientation.

En moins de dix minutes (oui, ce n'est que l'intro), j'ai un film complètement con avec des morts: il faut que je le fasse connaitre !

Quelles sont les qualités de ce film ? A part qu'il a réussi à te plaire.

Premier tour de force: les acteurs.
Ils sont suffisamment doués pour réussir à imiter parfaitement le jeu d'acteur du plus mauvais acteur possible. Je ne parle pas de di caprio ou matt damon, mais de hélène et des garçons. On pourrait croire qu'ils sont mauvais de nature, mais pas dut tout. Pour faire une analogie, cela ressemble beaucoup à getting any ou à monty python sacré graal. C'est dire si ils assurent.

Deuxième tour de force: la narration.
A plusieurs reprises, la quatrième mur est brisé. Les personnages se moquant du ridicule du film (trouvant qu'il va trop loin dans l'absurde), taquinant la censure (interdiction de montrer des seins), raillant le cinéma mercantile ou ironisant sur l'incongruité du film (le sabre à piles ...). C'est bon quand ça ne se prend pas au sérieux.

Troisième tour de force: l'ambiance sonore.
La musique alterne à plaisir entre la soupe la plus mièvre qui soit dans une scène de tendresse et du techno-bourrin dans les scènes d'action, créant une cacophonie inconcevable scotchant le cerveau du spectateur aussi sûrement que le visuel. De plus, divers bruitages tirés de dessins animés ponctuent certaines actions (une porte dans la gueule se traduit par un BOING, un héros qui fait la danse du ver de terre se retranscrit avec un ZWIP-ZWIP ...), ce qui renforce à plaisir l'extravagante exagération qui n'avait pas même pas besoin de ça pour faire éclater les neurones du spectateur.

Quatrième tour de force: le visuel.
Encore une fois, je suis épaté par le sens de l'image du cinéma thaïlandais. Même en prenant uniquement les images, on comprend l'envie de faire de ce film le truc le plus hallucinant qui soit. Les effets spéciaux très réussis (des plans à la matrix, le serpent géant) côtoient les plus mauvais trucages des années 80 pour montrer des giclées de sang. Pire, il se permet même de laisser des effets spéciaux ratés (une machine à faire un geyser de sang qui crache de la vapeur).

Cinquième tour de force: tout le reste !
Entre les gags, les idées, les rebondissements, l'histoire, les poses cools, les passages en dessin animé, le générique de fin ... il y'a de quoi remplir plusieurs films se voulant comiques.

Et c'est là que le bât blessera. Cette absurdité est tellement profonde qu'elle ne pourra toucher qu'un public restreint ; la rythmique comique aussi rapide que la batterie de Slayer dans raining blood laissera sur le carreau bon nombre de personnes bien pensantes ; et l'absence de sur-abondance de gore gênera sûrement les fans de comico-gore.
Mais si on est capable de plonger en apnée pendant 1h30 pour aller toucher le fond de l'invraisemblable jusque-boutiste, alors ce film sera une perle laissant le cerveau accroché sur le mur. Sinon, ça sera une sombre merde ...
helldraco
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le 31 mai 2014

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