SAUSAGE PARTY (12,8) (Conrad Vernon & Greg Tiernan, USA, 2016, 89min) :


Une comédie d’animation déjantée pour un public adulte mais régressif narrant la vie quotidienne et secrète des aliments dans un supermarché, notamment l’histoire d’une jeune saucisse partant à la quête de ses origines. Conrad Vernon à qui l’on doit en tant que scénariste la saga Shrek et en tant que réalisateur Shrek 2 (2004) et Madagascar 3 (2012) s’associe avec le jeune Greg Tiernan pour cette bouffonnerie politiquement très incorrecte ! Dès l’ouverture des portes du film et du supermarché, le ton est donné ! N’ayant peur d’aucune fausse notes la mise en scène par le biais d’une comédie musicale aux dialogues assez savoureux, sonne le début d’un déballage de thèmes sans aucun tabou. On découvre d’entrée un paquet de saucisses frétillantes ne demandant qu’à vibrer au contact des tranches de pains de mie aguicheuses. S’attachant au personnage de Franck frêle saucisse à hot-dog on comprend très vite l’enjeu de cet aliment espérant faire partie du prochain caddie pour s’extraire du magasin afin de connaître l’au-delà peuplé par les dieux consommateurs. Mais très vite un pot de moutarde au miel ramené au supermarché par un Dieu déçu va changer la donne et troubler l’espérance d’un paradis espéré, entraînant une véritable enquête auprès des rayons voisins pour savoir de quoi il en retourne exactement. Cette quête émancipatrice va générer un étalage de tous les sujets les plus explosifs du moment (religion, homophobie, conflit israélo-palestinien, racisme etc…) et un dézingage du côté réactionnaire de l’Amérique. Ça tire de partout et dans tous les rayons il faut croire que l’humour conserve, et les auteurs visent le trash tout juste avant que leurs vannes ne soient périmées, certaines sont pourries d’autres très graveleuses, les allusions régulièrement connotées sexuellement, mais nous aussi sommes tous des consommateurs ! Justement enduit dans des situations et propos grivois la société de consommation en prend pour son panier et on paye content. Le récit joue constamment avec le feu et la ligne jaune en la franchissant régulièrement dans des délires pipi/caca qui sentent parfois le moisi, et malgré la fluidité étonnante de l’animation et le concept à l’état d’esprit Toy Story, les blagues salaces à toutes les sauces et la lourdeur de la scatologie deviennent un peu lourde à avaler quand on n’est pas particulièrement amateur d’un humour de chiottes. Mais l’hypermarché en métaphore du terrorisme (évocation du 11 septembre avec chute de caddies), en terrain de guerre et zone géographique de tous les conflits (cohabitation délicate entre certains produits de rayons), trouve sa pertinence grâce à certaines répliques qui font mouche, on se tape donc quelques barres sans codes respectés et l’impertinence du propos accompagne une belle idée de liberté retrouvée pour ces aliments habituellement obligés de rester bien sagement aligner en attendant d’être l’élu avant la date sous peine de devenir mortel au fond d’un poubelle. Et je ne peux m’empêcher d’évoquer sans trop spoiler la sidérante scène finale où le rapprochement des aliments entraîne une orgie majuscule dont le Kamasûtra va forcément être jaloux, mais cela est une autre soupe…Un joyeux bordel trash à l’humour très bête à déguster bien évidemment avec les voix originales de Seth Rogen, James Franco, Jonah Hill, Michael Cera, Edward Norton et Salma Hayek comme ingrédients principaux. Et Les chansons au langage particulièrement fleuri valent plus par leurs paroles immorales que par leurs mélodies. Un cocktail blasphématoire offrant un menu jamais vu dans le monde de l’animation bien loin des gentilles productions Disney qui s’avère aussi jouissif que parfois indigeste mais en tout cas qui ne peut laisser indifférent, c’est déjà tout à l’honneur de ces auteurs. Pénétrez dans ce monde animé et vous ne verrez plus votre grande surface Auchan, Carrefour ou Casino (toujours citer plusieurs marques de merde pour la concurrence…) de la même manière en faisant vos courses après avoir assisté à cette piquante Sausage Party. Irrévérencieux, lourdaud, inégal et subversif.

seb2046
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le 1 déc. 2016

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