En 1981, Cronenberg en était encore à ses débuts, et je trouve que Scanners reflète une certaine expérimentation de sa part. Se focalisant sur la recherche d'un style visuel bien à lui, Cronenberg ne pousse pas très loin le concept du film.


Un peu comme dans le scénario de Chabat dans Réalité, Scanners met en scène des humains dotés d'un puissant pouvoir de télépathie, pouvant ainsi tuer par la pensée. Plusieurs scènes d'action ou de duels témoignent alors du budget restreint, bien que celui-ci reste deux fois plus élevé que son précédent film Chromosome 3.


Le véritable problème de ce principe de télépathie, c'est qu'étant donné que la douleur ressort mal à l'écran, ça force les acteurs à surjouer à mort, et par conséquent, on n'y croit pas vraiment. Mais Cronenberg cherche clairement un prétexte pour s'amuser, faire exploser des têtes, fondre de la chair, fulminer les veines, ou encore intoxiquer des femmes enceintes. Il se forge un style très charnel, cru, qu'il perfectionnera sans cesse par la suite.


Hormis le style atypique, Scanners propose un scénario simple, peut-être trop - il manque de cruellement de suspense - et des personnages tous aussi creux, bien que Michael Ironside, dans son premier rôle notable, ait déjà cette fibre unique qui le prédispose au rôle d'antagoniste. Tout l'intérêt du film réside dans son statut expérimental, dans sa place au sein de la filmographie de Cronenberg. Aussi, je le recommanderai plutôt à ceux qui connaissent déjà Cronenberg et qui veulent davantage explorer son style.


Scanners n'a pas la complexité d'eXistenZ, ni le suspense de A History of Violence, ni l'émotion de La Mouche, ni même la folie du Festin Nu. Je pense que c'est dans ses œuvres de maturité que Cronenberg magnifiera son style. Scanners témoigne de son originalité sans pleinement exploiter son talent.

Monsieur_Cintre
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le 20 févr. 2020

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