Ce n'est pas un scoop : Woody Allen est un réalisateur de renom, spécialiste de la comédie romantique édulcorée qui prend son temps. Il a fait des films qui ont plu au grand nombre comme Vicky Cristina Barcelona ou Match Point (suffit de regarder les notes Senscritique) et d'autres moyens comme Vous allez rencontrer un Sombre et bel inconnu (au titre déjà trop long) ou To Rome with Love.
Il a une filmographie longue comme la faux de la Faucheuse et pourtant, moi, l'autoproclamé cinéphile, je n'avais jamais vu un Allen.
L'erreur est réparée. Et pas avec le plus mauvais, loin de là. "Scoop" est plus une histoire d'amour physique qu'une intrigue policière qui nous tient aux tripes. Le Tueur aux Tarots, on s'en fouterait presque comme il faut, mais en même temps, il est notre fil rouge, notre Ventoline, celui qui remet un coup de boost quand l'ennui guette.
Allen est narcissique. Il s'est écrit ce film, s'offrant un rôle à la démesure de son personnage quotidien. Celui de Scarlett Johansson semble parfois être même crée juste pour reléguer le poids du premier rôle sur les épaules de sa muse. Mais en même temps, il peut se le permettre car il joue dans le bon tempo, avec son air chantonnant qui n'est que l'effluve de sa folie. C'est un magicien, capable du tour le plus impressionnant comme du close-up le plus foireux. Des fois on voit les ficelles scénaristiques, le truc qui enlève l'artifice du cinéma. Mais le talent se superpose aux imperfections pour ne voir que lui. L'idée du bateau de la mort est aussi improbable que barge.
Les acteurs ont un côté hautain même Scarlett malgré la petite fille qui sommeille en elle. Ils se prennent pour ce qu'ils ne sont pas, et on les suit dans le théâtre qu'il nous propose. Hugh Jackman est la même année face à Spendini le magicien et magicien lui-même dans "Le Prestige". Et par des cabrioles, il incarne ce fils héritier à qui l'on adresse des révérences. Il prend du plaisir à jouer les mondains et surtout il prend du plaisir à jouer de très près avec Miss Johansson.
Allen lui a flanqué des lunettes rondes sur le nez style Harry Potter, pour casser son image bimbo et pouvoir replacer cette image où il veut. Avec une paire de lunettes, le vieux fou parvient à changer la personnalité de son actrice. Et quand elle enlève ses lunettes alors là... elle est sublimissime! La scène de la piscine, voilà. Pas besoin d'en dire plus.
Vous aurez compris, j'ai passé un très bon moment.