Monstres d'une mauvaise compagnie.

Numéro 24 au top 111, je me devais d'aimer. Par souci d'honnêteté culturelle ou bien de conformisme. Et pourtant..

Ce n'est pas tant la réalisation ou même le scénario qui clochent, les acteurs ne sont pas trop mauvais et les dialogues tiennent la route. Ce qui est dérangeant, c'est la morale de l'histoire. Ou plutôt l'utilisation des personnages. Argumentons.

Chaque personnage est bien défini et a ses propres caractéristiques aussi bien physiques que intellectuelles. Mais s'installe un climat malsain quand on entre dans le vif du sujet. En bref, l'intrigue, se passant dans un cirque, joue sur la passion qu'un nain porte à une femme "normale" alors que celle-ci ne cherche juste à le ruiner. Ceci est un scénario à la fois classique et original.

Mais ce qui est encore plus original, c'est l'emploi de chaque personnage. On cherche à faire un film où sont valorisés les habituels défavorisés, comprenez ici, les handicapés, les "monstres de foire". En mettant en avant la cruauté des "normaux", si je puis dire, on humanise et normalise ces Freaks. Jusque là, ça va, c'est un peu longuet, mais on est bien dedans. Arrive alors le dénouement. Et là, c'est le drame. Ou plutôt vient ce que l'on ne voudrait pas voir. La vengeance, ce plat qui se venge froid, est l'ambition même de toutes ces créatures qui se déshumanisent en devenant plus terribles que les méchants de départ. L'inversion des rôles nous prend de court et nous laisse sur le cul, loin des actions inhumaines qui se profilent sous nos yeux.

L'atmosphère du film est dérangeante, et crée un certain malaise. Il y a des films où le malaise est bénéfique et apporte quelque chose. Là il n'apporte rien, si ce n'est la violence. Ce n'est pas à prendre à un degré supérieur, comme dans "Kill Bill" où la vengeance est le vecteur de la violence, mais où ça ne nous dérange pas en somme.
"Freaks" se veut si réaliste en faisant un tour des handicaps qu'il est impossible que le spectateur ne jette pas un regard de dégoût à la terre entière.

Le spectateur est plus voyeur que jamais dans cette foire où on nous présente plus des monstres que des hommes, paradoxalement. A préciser qu'aucun trucage n'a été utilisé, ce qui est peut-être encore pire. Peut-être un jour, je regarderai à nouveau "Freaks" que je suis malgré tout fier d'avoir dans ma DVD-Thèque, et que je changerai de point de vue.
Mais pas aujourd'hui.
Aujourd'hui, je vous laisse avec cette morale douteuse et votre adoration pour cette 24ème place du top 111.