Je n'ai jamais été tenté par les giallos, je n'en connais que les revues du "Cinema Snob", et ça me suffit amplement. J'épargne "Halloween", mais en dehors de ça, je n'aime pas les films où il faut deviner qui est le tueur, parce qu'en général, je me dis qu'on ne me donnera jamais d'indice décisif, et que par conséquent il suffit d'attendre la fin patiemment.
Je spoile ? Allez oui. Le film commence par un premier meurtre où une jeune fille seule chez elle est appelée par un tueur qui semble rôder autour. On la retrouve pendue et éviscérée, tout comme son petit copain. La ville de Woodsboro est en effervescence, ce qui attire une journaliste arriviste, Gale Weathers. Le tueur tente de tuer Sidney, une jeune fille dont la mère a été tuée quasi un an plus tôt, et dont le père, en déplacement, demeure introuvable. Qui est donc l'assassin ? Au choix parmi : Jamie, le geek fana de films d'horreur ; Billy, le copain de Sidney, qui aime bien passer par les fenêtres pour la voir ; Stuart, le gros déconneur de mauvais goût ; Dewey, un flic gentil que personne ne respecte. Peu après, le principal est retrouvé assassiné. Le twist, c'est en fait qu'il n'y a pas un, mais deux tueurs, Billy et Stuart. Evidemment, Sidney arrive à leur échapper, et la journaliste, bien qu'à moitié morte, peut avoir son scoop.
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Le film est plutôt lent et énervant, dans le genre, je pense que 10 minutes de moins auraient fait beaucoup de bien. Car si l'action décolle enfin dans la dernière partie, les jumpscares à répétition et les retournements de situation, genre "la journaliste qu'on croyait inconsciente tire sur le tueur" finissent par lasser. Le jeu sur les codes du genre, du type "la vierge reste en vie", "il ne faut pas boire ou commettre de péché", "il ne faut pas dire "qui est là ?", ou "je reviens tout de suite", "la blonde à gros seins doit mourir" est moins subtil que ce que je croyais.
Surtout, ce qui me frappe, c'est le côté aseptisé et bon chic bon genre de ce giallo. Tout est propre et net, comme sorti d'un catalogue La Redoute, alors que pour ce que j'en sais, le giallo c'est censé être sale. Idem, la violence n'est pas si choquante que cela, et en ce qui me concerne, Craven s'amuse tout seul avec le montage, je n'adhère pas trop.
Au niveau du jeu d'acteur, c'est assez mélangé. Neve Campbell est toujours aussi fascinante, tandis que Rose MacGowan fait la truie blonde avec beaucoup de naturel (trop ?), et Courtney Cox remonte dans mon estime, avec son regard minéral. Mais les flics sont moyens, et peu de choses sont faites pour animer la vie du campus. Encore une fois, même la fiesta de teenagers fait très aseptisée, on n'y croit à aucun moment.
Et c'est la même chose avec le tueur, qui n'a rien d'un Michael Myers quasi doté d'ubiquité. Ici, dès la première séquence on comprend que le tueur est un geek fana de cinéma, et dans le cours du film, il se prend moult canettes de bière, porte de frigo, etc... dans la face, voire des coups de pied bien placés. J'ai aussi du mal avec le fait d'utiliser un masque depuis devenu viral. Toujours cette impression d'artifice. Inutile de dire que je vais m'épargner les suites.
Au niveau suspense aussi, ce n'est pas si péchu que ça. On comprend vite que la blonde va crever, que Neve Campbell s'en sortira, et les méchants ne font pas vraiment peur une fois qu'on sait qui c'est. Le film passe donc mal le test du revisionnage, à mon avis. Je dirai qu'il y a trois séquences qui arrivent à tirer leur épingle du jeu : la première, bien sûr ; la séquence où le geek explique les règles pour survivre dans un film d'horreur ; et enfin celle où les deux psychopathes se poignardent à tour de rôle pour parfaire leur machination.
Un bon point pour ce film, tout de même : il utilise par deux fois un extrait de "Red right hand" de Nick Cave.