Ayant rapporté un paquet d'oseille pour un budget modeste, Scream aura relancé la mode du slasher et ne mettra pas longtemps avant de se voir attribué une suite logique. Des délais extrêmement courts (la sortie des deux films n'est séparée que d'un an) qui deviendront malheureusement la norme, poussant les créateurs à bâcler le travail. Le scénario de ce second volet sera d'ailleurs entièrement remanié suite à des fuites sur internet.
Je ne sais donc pas si l'échec de cette suite est à attribuer aux réécritures ou si le projet sentait déjà le pâté à la base. Si le premier Scream compensait largement ses airs de petit malin et une tenue visuelle un peu fade par une approche rafraîchissante du genre et par une réelle efficacité, celui-ci rate absolument tout dans les grandes largeurs, héritant des défauts de son grand frère sans en avoir les qualités.
Dès le prologue mettant en scène un film dans le film (Stab, ironiquement tourné par Robert Rodriguez qui était pressenti pour Scream), Wes Craven et Kevin Williamson prennent pour parti de repousser les limites du quatrième mur, de théoriser davantage sur le genre et plus particulièrement sur la notion de suite. Une occasion pour les deux larrons de balancer une multitude de références qui avait fait le succès du premier film, mais qui ici semble n'être là que pour l'esbroufe et pour remplir les blancs d'un script remanié et peut-être déjà feignant à la base.
Volontairement ou pas, Scream 2 ne raconte plus rien, fait tout et n'importe quoi de ses personnages, réduits à l'état de pantins que l'on déplace n'importe comment selon ce que cela pourrait donner. Tout n'est qu'incohérences et farce grotesque, les auteurs ne cherchant même plus à faire peur et donnant l'impression de dénigrer leur propre film, à l'image d'un final d'une bêtise affligeante mais visiblement conscient de sa propre connerie. Comme si Craven et Williamson, en total renoncement ou au contraire, bouffis d'autosatisfaction, avaient à coeur de prouver qu'une suite était forcément inférieur à son modèle.
Vu sous cet angle, Scream 2 parait alors cohérent mais n'en reste pas moins détestable et méchamment mauvais, se contenant tout du long de taper sur les nombreuses suites du genre sans toutefois proposer quelque chose de neuf en retour. Le spectacle offert ici est téléphoné, platement mis en images et interprété par un casting n'en ayant absolument rien à foutre. Les survivants du premier opus se caricaturent eux-mêmes (pauvre David Arquette, autrefois si attachant mais ici ridicule au possible) quand les nouveaux démontrent autant de charisme qu'un saucisson à l'ail.
Victime de son succès, la saga Scream se tire une balle dans le pied dès son deuxième volet, suite mise en chantier bien trop rapidement. Incapable de la moindre innovation, reprenant benoitement le même cahier des charges qu'elle s'efforce pourtant de dénoncer et se foutant visiblement du genre et de son public, Scream 2 fini malheureusement par ressembler à son excroissance Stab, qui elle au moins a le mérite d'être drôle.