Sea fog pourrait avoir la forme d'un "8", sorte d'ovale plié [tordu] en son centre, comme se mordant la queue à l'infini, supplice asiatique mutant, coup raté.


Le récit, très linéaire, démarre après un générique faisant office de prologue. En quelques minutes très efficaces, le quotidien d'un vieux navire de pêche nous est conté, le rythme de travail, les conditions de vie à bord, le retour au port. Puis on nous précise que l'action se déroule en 1998, en plein cœur de la crise asiatique. Dont acte.


Puis les clandestins arrivent. C'est alors que tout bascule. Aux situations attendues [la chute dans l'eau étant la plus lourdement amenée] succède une mécanique du pire qui détruit toute la cohérence dramatique jusqu'alors construite.


Passé le nœud du "8", le film devient l'otage d'une violence outrancière et gratuite, antiproductive. C'est alors le scénario qui court après elle pour tenter de la légitimer, et cela en dépit de tout le reste. La situation n'est plus que prétexte, les personnages devenant fantômes d'eux mêmes, l'histoire d'amour perdant tout romantisme au moment même où elle gagne en puissance.


Si la mise en scène nous offre quelques passages de pur lyrisme, si les comédiens se montrent plutôt convaincants, on regrettera un ratage narratif sans appel, d'autant plus regrettable qu'il est le fruit de la collaboration de Sung Bo Shim et Bong Joon-ho.

pierreAfeu
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le 6 avr. 2015

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pierreAfeu

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