Une femme qui disparaît, des protagonistes ambigus et une enquête de gendarmerie qui débute : Seules les bêtes commence avec un scénario des plus classiques. Mais on est chez Dominik Moll, et l’auteur revient très vite à ce qui a fait le succès de ses précédentes oeuvres : le bizarre, l’angoisse, les situations malsaines, avec des personnages à la psychologie forte.
C’est donc dans un décorum particulièrement réaliste qu’il installe une intrigue à chapitre, consacrée à chacun des protagonistes, où règne une forme de poésie macabre et de mélancolie. Car chacun de ces personnages (passionnants et bien incarnés) partage le point commun d’une quête d’amour et d’affection qu’ils ne réussissent pas à trouver dans leur quotidien : une assistante sociale esseulée qui vit une liaison sans lendemain avec un fermier qui ne se remet pas de la mort de sa mère, le mari de l’assistante sociale qui cherche l’amour sur un site de rencontres, une quinqua délaissée nouant une idylle toxique avec une serveuse borderline… La solitude est partout.
Récit singulier et circulaire, portrait peu banal d’une forme de misère sociale, Seules les bêtes est un beau portrait d’âmes délaissées, peu épargnées par la vie mais qui ne cessent de vouloir se redresser. Un film d’une étonnante humanité.