Sexe entre amis par Eric BBYoda
La comédie romantique contemporaine est un genre tellement sinistré que le spectateur en manque est décidément prêt à avaler n'importe quoi pour avoir sa dose de petits plaisirs régressifs et coupables. Avec "Sexe entre Amis", il faut avaler les couleuvres d'un sujet raté, à la frontière de l'ineptie (nos deux héros sont amis et se conviennent parfaitement au lit... quel est le problème ?), et, plus grave encore, un manque de substance "humaine" qui empêche largement l'identification émotionnelle si essentielle : le pari des scénaristes est visiblement de s'inspirer - gloire à eux - du rythme-mitraillette des grandes screwball comedies de Hawks, tout en modernisant le contexte professionnel essentiel aux fictions hawksienness à coups de blogs, "d'apps", etc. Théoriquement, cela pourrait marcher et nous faire oublier la faiblesse du prétexte scénaristique, mais le monde dépeint ici semble complètement démuni de crédibilité, et il est étonnant de voir combien même les excellents seconds rôles (portés quand même par des pointures comme Patricia Clarkson, Richard Jenkins ou Woody Harrelson) n'arrivent pas à sortir des embûches de situations clairement mal écrites. Il ne nous restera plus qu'à admirer la plastique des deux "stars", leur abattage plein de bonne volonté (bon, ce n'est pas Cary Grant et Katherine Hepburn, non plus...), et une gentille alchimie entre eux qui fait quand même fonctionner les moments les plus convenus. Convenus, parce que, au final, malgré la modernisation des affects, on n'échappera pas aux bons sentiments sirupeux dont Hollywood croit nécessaire de napper ce genre de fiction.