Sexy Dance 3 : The Battle par johell
Après STREETDANCE 3D de Max Giwa & Dania Pasquini, également sorti cette année, voici un autre film de danse qui est en fait la troisième partie de la saga SEXY DANCE. Déjà auteur de l'opus précédent, Jon M. Chu revient derrière la caméra pour cette nouvelle aventure qui se révèle être la meilleure de toutes.
Bien entendu, ce n'est pas le scénario qui constitue l'intérêt principal de ce genre de film, celui-ci se révélant guère intéressant et totalement convenu. On nous présente une sorte de fraternité de danseurs de tout styles qui ne vivent que pour cet art, des rivalités entre gangs, le tout parsemé de pointes d'humour; on assiste aussi à une amitié mise à rude épreuve et à une pseudo histoire d'amour... SEXY DANCE 3D essaie d'être un vrai film avec des péripéties sentimentales à la pelle, de susciter l'émotion et... échoue lamentablement sur tout ces points. On en rajoute encore une couche avec l'aspirant cinéaste, leader du groupe, qui se refuse de suivre une école de cinéma malgré l'évidence d'un talent naissant.
Il faut dire que l'ensemble ne fait pas du tout dans la dentelle et même si le film possède une somptueuse distribution de danseurs talentueux, dès que ceux-ci se mettent à parler, ils se révèlent de bien piètres comédiens. L'excellence de la médiocrité revenant au "méchant" de service avec ses gros sourcils qui annoncent d'entrée de jeu qu'il s'agit d'un mauvais garçon. Bref, ce genre d'histoire ne se renouvelle absolument pas et présente des situations archivues dans quantité d'autres films du même acabit. Toutefois, cet univers ultracodifié nous épargne cette fois-ci le contexte social douloureux qui aurait pu virer au drame et s'épanche davantage à une exhibition "Deluxe" de performances spectaculaires.
Car SEXY DANCE 3D est avant tout un véritable festival de séquences assez jubilatoires qui proposent quantité de démonstrations de styles. Des figures de breakdance et de hip hop entre autres spécificités; il y a aussi du tango et même un très chouette hommage aux comédies musicales de Gene Kelly/Fred Astaire avec un formidable plan séquence filmé en pleine rue de New York où un duo de danseurs improvisent une chorégraphie en se servant des éléments les entourant! Tout ces moments constituent bien évidemment le meilleur du long-métrage qui sait toujours se montrer très énergique. C'est un réel plaisir de suivre les formations lors de leurs entraînements et durant les nombreuses "battles" qui opposent la "House of Pirate" à la "House of Samuraï", deux clans qui s'affrontent pour obtenir le Grand Prix de 100'000 US dollars lors de la compétition annuelle de "World Jam" qui regroupent les meilleurs des meilleurs! Classique!
Le long-métrage essaie aussi de nous transmettre l'amour de la danse à travers la communion du corps et de l'esprit. Les personnages ne sont pas d'ex-petits truands ou de malheureux de l'enfance qui cherchent à se sauver eux-même à travers cet art. Non, il s'agit simplement des garçons et des filles de tout horizons qui cherchent à partager leur passion pour des mouvements qui en disent beaucoup plus que tout les dialogues du monde... C'est pour cela que SEXY DANCE fonctionne bien plus efficacement quand celui-ci se montre plus démonstratif qu'explicatif. Ce qui fait la réussite du film au détriment des opus 1 et 2 c'est qu'il privilégie l'action en musique à toutes autres formes de dramaturgie qui, de toute manière, tomberait complètement à plat.
Ici, pas de préambule vis-à-vis de cet univers et des codes qui régissent cette communauté très particulière. On plonge directement dans leurs mondes et assistons à un spectacle purement et simplement démentiel. L'apport tridimensionnel donne encore un réel plus à cette aventure. La profondeur de champ y est exceptionnelle et il en ressort des effets plein d'esbrouffe certes parfois très exagérés mais d'une efficacité prodigieuse! On hésite pas une seconde pour en rajouter un maximum, offrant pratiquement jusqu'à l'excès des sensations folles à travers l'image. Souvent, les personnages se dégagent complètement de l'écran pour vraiment bouger devant les yeux du spectateur. Il faut dire que le réalisateur place sa caméra bien en face de ses danseurs qui se jettent parfois directement droit dessus, ce qui renforce notre immersion devant leurs incroyables mouvements corporels. Et puis il y a des éléments qui en rajoutent dans le spectaculaire : jeux de lumière, nuages de poussière, scène inondée... Le réalisateur allant même jusqu'à nous offrir une excellente séquence 3D où le couple vedette vient se poser sur une grande bouche de ventilation tout en s'amusant à jouer avec du "Slurp", une sorte de cocktail très coloré.
Malgré un petit passage à vide après la première heure du long-métrage, SEXY DANCE 3D est un réjouissant divertissement sans temps mort. Il n'y a guère que les moments de questionnements existentiels ou celui de la "trahison" qui viennent entacher la bonne humeur communicative du film. On se régale devant les différentes chorégraphies et mouvements de folie qui ponctue un film qui se présente surtout comme une immense démonstration visuelle d'un art qui n'a pas finit de surprendre. Sans doute moins réussi que STREETDANCE 3D - confrontation entre l'univers de la danse de rue et la danse classique - qui se révélait efficace de tout son long, cette oeuvre reste une belle réussite de la part de Jon M. Chu, comme une belle vitrine d'exposition pour la danse où la 3ème dimension offre un spectacle qu'on aurait grandement tort de se priver. Savourez également le générique de fin en intégralité pour profiter de l'hallucinante démonstration artistique d'un danseur assis sur une chaise qui offre un mini show uniquement à l'aide de ses mains. Tout bonnement incroyable!