Quand la forme fait de l’ombre à la matière ! Shadows aborde dans une tout autre facture la même thématique que celle que l’on retrouve dans Imitation of life de Douglas Sirk, c’est-à-dire la quête d’identité des personnes noires ayant la peau plutôt pâle. Ben et Leila errent dans les rues de New York avec appréhension ne sachant trop comment s’afficher et à qui faire confiance. Malgré l’im-portance du sujet, le film n’a pas marqué le 7ième art par son contenu, mais par la manière dont il a été produit. Shadows est perçu comme une œuvre pionnière du cinéma d’auteur aux États-Unis. Ces œuvres signées par leur réalisateur et non initiées par les grosses machines de production. Donc pas de budgets faramineux, pas de stars sur l’affiche et encore moins de photos de vedettes enlacées en vue de la promotion. Pas de mise en scène et de découpage technique tout écrit d’avance avec des déplacements de comédiens réglés au quart de tour. Ici c’est la caméra qui s’ajuste à l’action et au jeu improvisé des acteurs. Tout cela occasionne des maladresses ici et là : Des hors foyer non planifiés, un manque de rythme entre les répliques, etc. Mais la finalité dans une telle démarche cinématographique ne se calcule pas par le nombre de beauty shot. Elle réside plutôt dans la liberté de création et dans la vérité non manipulée que l’on retrouve à l’écran. En plus de refléter sa génération, le premier film de John Cassavetes a contribué à l’émergence d’un nouveau cinéma qui allait permettre de jeter un œil différent sur le monde qui nous entoure.

Elg
7
Écrit par

Créée

le 12 août 2019

Critique lue 83 fois

Elg

Écrit par

Critique lue 83 fois

D'autres avis sur Shadows

Shadows
Sergent_Pepper
6

Impro c’est tout.

Au cours d’une des dernières séquences qui achève de faire de nos personnages des perdants au vu de la dérouillée qu’ils se prennent dans un local à poubelle, l’un des combattants met un poing...

le 12 mai 2015

33 j'aime

1

Shadows
takeshi29
9

"Un drame, c'est plus beau quand ça swingue."

"Un drame, c'est plus beau quand ça swingue." C'est un peu ce que semble nous dire Cassavetes tout en demandant à Shafi Hadi et Charles Mingus de jouer toujours plus fort. Dès son premier film,...

le 30 mai 2012

26 j'aime

Shadows
lucasstagnette
7

She's dealing with the raccoons, man.

C'est toujours difficile de juger un premier film : moins d'expérience, plus de fraîcheur, moins de maîtrise, plus d'originalité. On devrait les considérer en étant moins exigeants sur la forme, et...

le 4 août 2011

11 j'aime

Du même critique

À tout prendre
Elg
8

Dans le courant

Voir ce film en connaissance de la fin tragique de Claude Jutra et de sa postérité ternie par des soupçons de pédophilie est plutôt troublant. Comme si notre élan d’appréciation pour le travail du...

Par

le 16 nov. 2020

3 j'aime

La Grande Évasion
Elg
7

La fausse évasion

Après Le vieil homme et la mer et Les sept mercenaires, voilà un autre film de John Sturges qui me laisse sur ma faim. À chaque fois le sujet ou la brochette d’acteurs à l’affiche avaient semé chez...

Par

le 3 nov. 2020

3 j'aime

1

Accattone
Elg
7

Sans pitié

Âpreté est le mot qui me reste à l’esprit après avoir visionné le premier long métrage de Pier Paolo Pasolini. Tout est rugueux, aride dans ce film : les décors, le propos, les dialogues. Il y a une...

Par

le 2 nov. 2019

3 j'aime