Un mélange des genres franchement dégueu...
Bon, soyons francs, j'ai un GROS a priori avec la "culture" "jogging casquette sa mère la tepu". Je déteste ce background, mais pas pour l'idéologie à laquelle tu as pensé, cher lecteur, à la base. Non. Je déteste cette mentalité à cause du repli sur soi qu'elle implique et qu'elle fait louer à ses adeptes comme une religion. L'auto exclusion ça me dépasse. Ensuite il y a cette carence de langage qui m'insupporte au plus haut point. Donc l'idée de baser un film là dessus me parait déjà ambitieuse. Mais bon. Je ne pouvais pas rester sur un jugement de valeur aussi limité, ni sur un avis basé sur quelques premières minutes insupportables.
J'ai donc, cher lecteur, continué à regarder cette... "oeuvre" jusqu'à la fin. Et j'y ai trouvé, c'est vrai, quelques originalités.
Au niveau photographie, déjà. La gestion de l'image est souvent intéressante, parfois innovante. Changements de formats, utilisation de filtres assez adroite, un ou deux passages caméra épaules... La gestion de la lumière est également de qualité.
Ensuite il y a la direction artistique qui se veut originale. Et c'est vrai qu'à défaut d'être bonne, elle est bien originale. Elle met en avant plusieurs styles : slashers, fantastique, horreur. Mais c'est aussi ici que le bât blesse malheureusement.
L'intention est bonne, mais l'histoire et surtout le montage (quelle horreur) sont très décousus. Rien n'est approfondi.
On fait d'abord un mélange entre jeunes de la "téci" et bons gros bouseux consanguins.
Cette collision des extrêmes aurait pu donner un mélange vraiment détonnant et plutôt frais, avec une vision très Européenne des films de genre.
Mais le réalisateur s'englue ensuite dans des clichés d'une lourdeur qui défie l'entendement. Tout y passe : les fumeurs de joints, le langage désespérément pauvre et agressif, les braquages et le saccage pour les uns; la débilité des franchouillards, la consanguinité , le communautarisme à mis chemin de la secte et la caricature de bled paumé et angoissant (petit manoir délabré à l'appui) pour les autres.
Tout est emprunté soit aux stéréotypes de l'actualité et des délinquants de banlieue, soit aux films de genre américains...
Ensuite les personnages sont trop basiques, stéréotypés et ridicules. Les dialogues n'apportent rien, d'un côté comme de l'autre. La virée nocturne qui se termine dans le bled rempli de psychopathes et le délire sectaire, bon, c'est pas bien nouveau. Le rebondissement vers la fin entre délire et désespoir donne une orientation sympa mais trop tardive. Et surtout EXTRÊMEMENT MAL AMENÉE.
Côté ambiance, le mélange des genres vient pourrir le résultat, car les actes ne sont jamais suivis des faits. On hésite entre un slasher et un film d'horreur, ok. Mais du coup on n'a aucune montée de la sensation d'enfermement, aucun jeu sur les dialogues, (c'est le vide sidéral) aucun jeu du chat et de la souris. Une des rares poursuites et une poursuite en mob qui se termine avec un crash sur un parvis. Et puis rideau. Waow.
Un des seuls passages sensé faire monter l'adrénaline se passe dans le grenier, avec une "farce" qui se termine par un coup de tisonnier. Pathétique.
Et rien non plus côté musique. Cette dernière est même particulièrement mauvaise, avec cette vision intégriste des amateurs de rap et des clips à la limite de l'insalubrité visuelle... Quand au reste, ça revient à se laver les oreilles avec du barbelé. Les paroles sont épouvantables et les musiques immondes.
Alors pour conclure, cher lecteur, je peut comprendre ceux qui voient dans ce "film" une caricature du genre et des extrêmes Français. Mais la réalisation et la technique sont pour moi beaucoup trop bancales pour que ce soit fait exprès. Ce film n'est à mon avis qu'un ramassis de clichés et une réalisation étriquée et dégueulasse d'un film de genre qui aurait pourtant pu être une franche réussite.
Dommage. Ou tant mieux, je ne sais pas...