S’il y a bien un réalisateur de Hong Kong qui continue encore et toujours à tourner de manière intensive, c’est bien Herman Yau (Untold Story, Ebola Syndrom), enchainant les films de Hong Kong et coproductions avec la Chine avec, depuis quelques années, une moyenne de deux films par an. Certaines années, il arrive même à pondre quatre films, comme en 2017 où en l’’espace de quelques mois, il aura mis en boite 77 Heartbreaks, Always Be With You, The Sleep Curse, et Shock Wave qui va nous intéresser aujourd’hui. Oui, car en plus, c’est un vrai touche-à-tout, il se lance dans tous les genres, passant de la comédie romantique au Cat III pur jus sans sourciller. Dans Shock Wave, on va se situer dans le blockbuster d’action pur jus. Ce genre de film qui va jouer la carte du spectaculaire du haut de ses 23M$US de budget avec en tête d’affiche un acteur apprécié aussi bien à Hong Kong qu’en Chine Populaire, le célèbre Andy Lau (Running out of Time, Infernal Affairs). Le résultat est divertissant, bien que ce soit loin d’être parfait.


Le scénario va être des plus classiques. Andy Lau interprète un policier, J.S. Cheung, spécialiste des explosifs, infiltré dans un dangereux gang braqueur de banques. Ces derniers prévoient un gros coup mais, alors qu’ils tentent d’échapper à la Police avec le magot en tuant moult policiers, Cheung les trahit, blesse un des membres du gang, permettant à ses collègues policiers d’en arrêter une partie. Mais Peng Hong, le chef du gang, l’a de travers de s’être fait trahir, surtout par une taupe infiltrée. D’autant plus que son petit frère se retrouve emprisonné. Les mois passent, J.S. Cheung retrouve une vie normale, entre désamorçages de bombes au sein de son travail et amourette avec une femme fraichement rencontrée. C’est alors que Peng Hong refait surface avec deux objectifs en tête : faire le « casse » le plus spectaculaire jamais vu, et se venger de J.S. Cheung pour cette trahison qui a du mal à passer. Son plan est simple : piéger le plus grand tunnel de Hong Kong avec des tonnes d’explosifs et menacer de le faire sauter en mettant ainsi fin à la vie de tous les occupants des véhicules qui s’y trouvent si Cheung ne vient pas en personne parlementer avec lui. Mais derrière tout ça se cache peut-être une magouille de bien plus grande envergure.
Shock Wave est donc un actionner bien bourrin qui lorgne allègrement vers le cinéma hollywoodien, qui pourrait être le croisement entre Démineurs (2008) de Kathryn Bigelow et Heat (1995) de Michael Mann, le tout à la sauce Die Hard (1988) de McTiernan. Le programme va être simple : un héros iconique, des explosions, des gunfights, du suspense, et une touche d’émotion. Herman Yau va privilégier l’efficacité à l’originalité, c’est ce qui va faire la force du film, mais également sa faiblesse.


En effet, rien de bien nouveau sous le soleil ici. Shock Wave va nous présenter quelque chose de déjà vu et revu. Yau va avoir un cahier des charges des plus classiques et va le respecter à la lettre. Le scénario ne va guère nous surprendre, et les quelques rebondissements qu’il va tenter auront un côté très forcé. La mise en scène a beau être carrée et propre, on ne sent jamais le réalisateur impliqué comme il peut le faire sur d’autres films. Aurait-il eu les mains un peu liées à cause des producteurs chinois derrière et de ce qu’ils imposent aux réalisateurs HK pour faire des films Mainland ? Difficile à dire mais, en l’état, le spectacle proposé est assez impersonnel.
Néanmoins, Shock Wave va s’avérer des plus efficaces et quasi sans temps mort. Le film n’est pas avare en scènes d’action plutôt bien troussées, entre gunfights, explosions et autres courses poursuites, malgré un montage parfois un poil épileptique. Yau va très bien savoir gérer la tension lors des scènes de déminage, un des points centraux du film, aussi bien en termes de mise en images, de musique que de jeu d’acteur. Le casting s’en sort d’ailleurs avec les honneurs, Andy Lau en tête. Mais Philip Keung (Firestorm, Unbeatable) l’épaule de bien belle manière, remportant même le HK Film Awards du meilleur acteur de second rôle en 2017 pour cette performance. Jiang Wu (The Wrath of Silence, Monster Hunt) n’est pas en reste. Il interprète un un bad guy bien charismatique, empli de haine et de vengeance envers le personnage d’Andy Lau. Les CGI vont souffler le chaud et le froid, mais les amateurs de cinéma de Hong Kong sauront ne pas tenir compte de cela (l’ex colonie anglaise n’ayant jamais été très douée en la matière…).


Avec Shock Wave, Herman Yau nous propose un film d’action un peu trop calibré pour réellement retenir l’attention. Le spectacle proposé est divertissant et n’ennuie jamais grâce à un très bon rythme, mais clairement il ne s’agit pas là d’un de ses meilleurs films.


Critique originale : ICI

cherycok
6
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le 31 août 2020

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