Chatastrophe évitée (référence à une blague de merde dans le film)

L'été 2010 fût une période importante de l'animation en synthèse car au même moment, sortaient les conclusions respectives de deux franchises qui ont popularisé le genre.


D'un côté, Toy Story 3, véritable chef d’œuvre d'une beauté rarissime et prouvant une nouvelle fois le génie de l'équipe de Pixar.


De l'autre, Shrek 4...


Shrek 4... qui, a été oublié, insulté, détesté, un film dans l'ombre de son adversaire, c'est clair et net. Je me souviens encore, j'étais allé voir les deux films (j'avais dix ans), et le choix était évident, Toy Story 3 était bien meilleur.


J'étais sorti énervé de Shrek 4, je le trouvais nul, l'histoire peu convaincante, le méchant nullement charismatique et poussif comme c'est pas possible.


Et je suis resté très en colère avec Shrek 4, le jugeant de pire film de la franchise, une déception, un blasphème, une suite de trop en somme. Car c'est déjà avec un boulet que commence Shrek 4, c'est que c'est un film carrément dispensable. A vrai dire, l'idée même d'un quatrième film m'avait choqué à dix ans tellement à mon sens, Shrek 3 offrait une bonne conclusion à toute l'histoire de Shrek.


J'ai haïe Shrek 4, c'est le cas de le dire. Mais curieusement, après m'être refais l'intégral à l'aube de mes dix-neufs ans, les rôles s'inversent. Si les deux premiers films restent assurément les meilleurs de la franchise, les deux derniers sont nettement inférieurs. Dans mes souvenirs, j'avais trouvé le troisième très bon, mais une fois revu, je l'ai trouvé redondant, poussif, et carrément pas en accord avec l'humour des deux premiers.


Maintenant que j'ai revu Shrek 4, j'y vois une seconde chance, une nouvelle tentative d'offrir un final convaincant à la saga. Alors, pari réussi ?


A moitié je dirai. Car même si dans l'ensemble, j'apprécie le film, il reste évident qu'il s'agit d'un Shrek mineur, dispensable, et à des années lumières de ses prédécesseurs. Cependant, ce dernier volet dégage quelque chose que je n'avais jamais ressenti dans un Shrek, c'est cette proximité avec le personnage. Shrek est blasé, fatigué, usé, sa vie ne lui convient plus car il subit un quotidien exigeant, celle de père de famille et ça l'emmerde.


Et à un moment, Shrek pète un câble. Et... ouah. Je veux dire, les vingt premières minutes du film sont excellentes, jamais je n'avais vu Shrek sous cet angle, je l'ai trouvé pathétique, en détresse et surtout pas dans son élément. Shrek est entouré de gens qui l'aiment, jamais on a vu un Shrek aussi proche de ses amis, mais on ne l'a jamais vu aussi mal à l'aise, et ça avait quelque chose de terrible, de triste, et peut-être que c'était sur ça que j'avais rebuté à dix ans.


Shrek est dépressif, et le film le montre très bien. Alors bon, après, je pensais que ça allait partir en couille avec le contrat de Tracassin, qu'une fois l'aventure vraiment démarrée, le film allait s'enfoncer dans la merde infâme que je décriais à dix ans mais même pas.


Bon, c'est pas exceptionnel mais ça se regarde. L'aventure est parfois trépidante, Shrek est attachant comme jamais et le voir gambader dans un Fort Fort Lointain apocalyptique, là encore, ça donne un aspect sombre que je n'avais jamais vu dans un Shrek. Et maintenant, ça me plaît.


C'est probablement l'épisode qui se veut le moins drôle en fait. Si Shrek 3 insistait à fond sur les blagues à en être lourdingue au point de créer le malaise, ici, l'humour est présent, pas incroyable, mais ne vient pas nuire à la narration ou à quelconque tentative d'instaurer une tension dramatique. Dramatique, effectivement, ce Shrek part définitivement dans une direction dramatique qui peut déplaire à certains (et ça m'avais déplu à l'époque).


Shrek se retrouve seul, perdu, dépressif, dans un monde aux apparences lugubres avec plein de sorcières moches et une raclure de nain qui fait des grimaces.


Alors bon, à un certain moment, ça partait quand même en cacahuète quand Shrek retrouve Fiona et fait... du harcèlement. Ah merde, c'est le malaise. Sans déconner, je veux bien croire que Shrek est fou amoureux de sa tendre épouse, mais qu'est-ce qu'il force, et c'en est désastreux. Car même si cette partie du film réserve quelques bonnes surprises (Shrek et Fiona qui s'entraînent en se bastonnant en rigolant aux éclats), c'est surtout la partie la plus lourdingue du film. Parce que voir un mec qui fait du forcing sur une fille, c'est pas très intéressant... je vous le cache pas, surtout quand les personnages en question sont très moches (non, ça c'était méchant).


Il n'empêche, je ne m'en étais pas réellement rendu compte avant, mais Shrek, c'est quand même une très belle histoire d'amour.


Après, le film se rattrape avec une partie finale surprenante proposant des scènes de baston assez efficaces, des gags vraiment marrants (l’Âne est toujours aussi génial, ce qui n'est malheureusement pas le cas de Potté), et on passe un bon moment. J'ai souri, et je ne m'y attendais pas.


Le film arrive encore à offrir une tension dramatique palpable dans ses derniers instants et le final est convaincant sans pour autant être exceptionnel, il ne fallait pas s'attendre à un chef d’œuvre non plus.


Après, on pourra toujours reprocher nombreuses incohérences, comme par exemple l'absence de Charmant (si Shrek n'avait pas sauvé Fiona, il l'aurait fait), ou encore le fait que Shrek danse avec les ogres à la fin, des ogres qu'il n'a techniquement connu que dans le monde parallèle (donc non, ça ne marche pas).


Donc Shrek 4, pourquoi pas. J'ai pas rigolé aux éclats, mais j'ai passé un plutôt bon moment. J'ai été diverti, et à vrai dire, je suis plutôt content que le film existe car si j'avais fini par la troisième, je serai sorti frustré de la saga alors que ce dernier volet me convient tout à fait. J'approuve ce quatrième film, et je ne refuserai pas si on me proposait de le revoir dans les années à suivre.

James-Betaman

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4

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