En 2017, Barry Jenkins défrayait la chronique avec Moonlight. Deux ans après, il revient avec un nouveau long métrage afro-américanisé du nom de "Si Beale Street pouvait parler". Ce dernier évoque la vie des noirs-américains dans les années 70 aux USA, et plus précisément un couple formé d'une femme et d'un homme qui va avoir un bébé, sauf que le père se trouve en prison pour un crime qu'il n'a pas commis. Entre injustice raciale, et amour, le film dépeint une histoire qui se veut touchante, tragique mais pleine d'espoir.


Le réalisateur fait les mêmes erreurs que pour son premier film : des messages pas très bien mis en lumière, dont les personnages ne se démêlent pas des clichés qui leur sont donnés. Si Beale Street pouvait parler, souffre aussi de sa construction voulant une fois de plus montrer en deux heures toute une vie, sans vraiment s'attacher à un sujet propre tant bien même lorsqu'on nous met devant les images d'archive à la fin de l'oeuvre, on sait ce que veut montrer Jenkins mais la manière dont on nous la montrait ne reflète pas véritablement les précédentes scènes. Beaucoup de choses entamées, peu de choses résolues, l'oeuvre ne permet pas non plus d'avancer dans un sens, et semble trop diviser à l'inverse d'un BlackKklansman bien plus intelligent. Ici, c'est tout blanc ou tout noir, pratiquement jamais dans la nuance - les méchants blancs, les noirs persécutés (heureusement pas tout le film ça se détache un peu au fil des minutes), on a pas l'impression que ça fasse avancer le monde, surtout que l'originalité de l'oeuvre n'est pas non plus extraordinaire. Pas très passionnant, on a quand même quelques scènes qui nous accrochent, notamment la scène de huit-clos avec ses dialogues très drôles où toute la famille au complet est réunie, et les séquences accompagnées de la bande originale de Nicholas Britell qui se révèlent être intenses mais en particulier grâce à la musique et non la réalisation qui ne prend pas au vif avec ses gros plans face caméra. La foi abordée dans le film est un sujet intéressant et plutôt bien traité, et l'histoire d'amour, il faut le dire, est très belle. Hormis cela, ça ne passionne pas, ça reste très long. Barry Jenkins devrait à mon avis s'intéresser la prochaine fois à une histoire en particulier et ne pas voir trop grand en passant en revue toute l'existence des individus pour lequel il s'intéresse, et avoir des messages plus concis, meilleurs et clairs.


On va dire un film avec plein d'espoir, mais pas assez traité à mon goût dans le bon sens, comme l'a été Moonlight auparavant. Ceci dit, il est loin d'être mauvais, mais on finit par décrocher au fil des minutes. Dommage.

Burnham
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le 11 févr. 2019

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