Apocalypse Ñow
Ce qui fait de Denis Villeneuve, depuis maintenant quelques années, une véritable valeur sure du cinéma nord-américain, c’est qu’il est tout sauf un pur produit hollywoodien. Prisoners n’était pas...
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le 10 oct. 2015
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Sicario (de Denis Villeneuve, avec Emily Blunt, Benicio del Toro, Josh Brolin) - Après Prisoners en 2013, Denis Villeneuve continue son ascension à Hollywood avec ce film en sélection officielle au festival de Cannes sur la lutte contre les cartels de la drogue au Mexique.
La mécanique principale sur laquelle joue le film est le sentiment d'incontrôle de l'action de la part du personnage principal et par extension du spectateur. Poussé par une recherche de vérité et de compréhension on est amené à s'accrocher à des personnages aux motivations obscures et aux méthodes aussi violentes que celles employées par des antagonistes. Se sentant ainsi mené en bateau, on s'accroche quand même dans l'espoir d'une réponse qui arrive finalement comme un horrible twist tandis que l'on perd progressivement tout repère du bien et du mal au profit d'une opposition pragmatique entre deux camps qui s'affrontent.
La dynamique entre les personnages s'articule donc d'abord entre protagonistes et antagonistes (agents américains vs cartel de la drogue) mais aussi entre l'héroïne, Emily Blunt, observatrice, soumise à l'action et cherchant des réponses, et les deux autres agents, Josh Brolin et Benicio del Toro, agissant sur l'action et faisant avancer l'intrigue. L'affiche, génialement symbolique, ne nous y trompe d'ailleurs pas.
Le sentiment de ballotage est d'autant plus renforcé par la mise en scène de Denis Villeneuve. Maîtrisée, subtile, elle nous délivre les informations au compte goutte tout au long du film tandis que la tension qui en découle nous laisse continuellement aux aguets d'une menace intangible qui peut donc surgir à n'importe quel moment.
En contrepoint, jalonnant le film, la violence qui en découle semble réglée et maîtrisée au milimètre près. De la scène du péage routier à celle de l'assaut final, cette brutalité nous est subversivement présentée comme seul élément de repère. Propres et nettes, ses manifestations ne sont jamais gratuites mais toujours nécessaires à l'avancement de l'intrigue, et constituent en outre le seul langage commun à tous les personnages.
Denis Villeneuve, laissant de côté tout jugements de valeurs, nous livre à la place un film qui dépeint une violence qui répond à la violence, une lutte entre deux camps qui se ressemblent et s'affrontent, ainsi que les conséquences de cette lutte.
Un très bon film qui pour moi semble installer un peu plus Denis Villeneuve dans son statut de réalisateur indépendant à Hollywood.
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Créée
le 10 oct. 2015
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