Chutter Island



- Des nouvelles de Silence ?
- Chut...


Voilà en gros un des dialogues (si on peut appeler ça un dialogue) que j'ai souvent rencontré sur Allociné et SensCritique depuis l'annonce de ce nouveau Martin Scorsese. La facilité de la vanne est déconcertante, tout comme l'a été l'attente des fameuses nouvelles autour du projet, en effet la première bande annonce est arrivée très tard. J'aurai d'ailleurs voulu qu'elle n'arrive jamais, que la promo du film continue de jouer sur le silence justement, Scorsese étant un nom qui suffit à attirer du monde, ça aurait pu être original et dans le ton du film.
Alors que nous bavions tous devant The Irishman, projet qui s'annonce grandiose et nostalgique, qui se fera d'ailleurs bientôt, le vieux Martin nous a surpris avec ce choix, ce projet qu'il porte depuis déjà des années maintenant, plus d'une vingtaine d'années pour ne pas être précis. Une adaptation d'un roman japonais de 1966 qui est lui-même inspiré d'une histoire vraie.
Un projet qui aura bien vécu puisque le casting a vu des noms comme Daniel Day-Lewis, Gael García Bernal, Ken Watanabe et Benicio Del Toro passer par là. Qui sera sans aucun doute l'un des projet si ce n'est le projet le plus personnel du réalisateur, loin, très loin, à l'opposé même de son dernier monstre Le Loup de Wall Street. Scorsese revient à la religion qui ne l'a jamais vraiment quitté d'ailleurs, après La dernière tentation du Christ et Kundun.
Martin qui dans sa jeunesse voulait devenir pasteur à eu la chance de projeter son film au Vatican et de rencontrer par la même occasion le Pape François, rien que ça.



Les Infiltrés



Martin Scorsese signe donc avec Silence un film pur, sans doute le plus épuré de sa carrière, filmé en 35mm, bordé au plan fixe, oubliant les folies visuelles des Affranchis, ainsi que les plans séquences si bluffants qu'on lui connait. La bande son fait de même, elle n'aura jamais été aussi peu présente voire inexistante car hormis quelques résonances tendues ici et là c'est le vide, le silence prend place à plus d'un titre. Les décors sont incroyables, la photographie elle, est superbe, notamment lors de certains plans en extérieurs entourés de jungle, où le contraste est magnifique, un brin trop prononcé, ce qui donne un coté vieille photo pas retouchée, limite irrécupérable, j'aurai adoré que ça soit le cas sur tout le métrage.
Au niveau de l'histoire, elle ne m'attirait pas plus que ça, la hype autour de ce nouveau film du grand cinéaste qu'est Scorsese ne m'emballait pas des masses, le trailer n'avait lui également rien déclenché dans mon attente, puis au fil des semaines, je me rappelais sans cesse que c’était Martin, que le sujet pouvait être intéressant et que tout simplement j’espérais découvrir un grand film.
Si je ne peux sans doute pas causer de chef d'œuvre, force est d'admettre que le film pour ses 2h40 entraîne, attrape, peut-être pas à 100% mais je ne me suis pas ennuyé en tout cas. J'imaginais juste que ce serait plus que ça, un véritable périple de bout en bout et pas seulement un emprisonnement qui arrive moitié de film quasiment, m'enfin l’intérêt est compréhensible et l'histoire ne pouvait pas se permettre une aventure plus épique.
Fallait le faire pour me faire aimer une œuvre qui prône le christianisme, tout en démontrant d'ailleurs que d'autres religions peuvent apporter la même satisfaction, mais le personnage principal étant possédé par le christ, je pouvais ne pas aimer. L’aberration qu'est la religion à mes yeux n'a cependant pas joué sur le métrage, ce qui avait été le cas à l'inverse sur La dernière tentation du Christ.


Andrew Garfield qui porte clairement le film est littéralement enivré dans son rôle, allant même jusqu'à faire vœu de silence durant une semaine en s'isolant au Pays de Galles. Après Hacksaw Ridge, Garfield prouve qu'il est loin d'être le gros chat flemmard qui n'aime que les lasagnes.
Adam Driver que j'imaginais plus présent ne l'est pas finalement, un second rôle auquel il apporte une simplicité, une pureté. Liam Neeson de son côté est très peu présent, on le suit rapidement au début du métrage et un peu plus à la fin, jamais il n'aura été aussi peu imposant, impressionnant car c'est voulu, un beau trio américain en somme. Du coté des japs, c'est du tout bon, rien à redire non plus.


En bref, pour cette histoire de Jésuites ayant rejoint le japon afin de fidéliser, d'évangéliser même les habitants, tout en se cachant des terrifiants et cruels Japonais rejetant tout christianisme, Scorsese signe une très belle œuvre, intimiste au possible, une sorte d'infiltrés au japon. Un hommage aux Jésuites de cette époque mais aussi en ce qu'il croit profondément.


AMEN.

-MC

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