Silent Voice
7.4
Silent Voice

Long-métrage d'animation de Naoko Yamada (2016)

J'avoue, j'ai cette tendance à me méfier des adaptations animé des mangas que j'ai déjà lut. C'est pour cela que j'ai prit tant de temps avant de regarder ce film: je souhaitait oublier un peu le manga, afin que durant mon visionnage du film, je ne sois pas tenté de comparé les deux médias.
Evidemment que j'ai comparé. Et bien que, c'était inévitable, le film souffre de son format (7 tomes en 2 heures tout de même), je trouve le film mieux réussis sur pas mal de point, notamment la dernière demi-heure. Mais j'en parlerais plus tard.
Déjà, A silent voice est magnifique dans son propos: Le film (ainsi que le manga d'ailleurs) connais son propos, de cela il touche juste, là où ça fait mal, sans pour autant tomber dans le mièvre ou dans le pathos. Les vingt premières minutes nous montrant le harcèlement d'une Shoko enfant est en cela redoutable. Des enfants inconscient du mal qu'ils font, partant d'une petite blague entre eux, sans même avoir une quelconque empathie pour leurs souffre-douleur, en arriveront jusqu'à faire vivre un enfer à un autre enfant de leur classe. C'est cruel, c'est affreux, et en ça touche. De plus, le propos est encore plus juste dans le fait que, seul Shoya harcèle à proprement dit Shoko. Pour autant, les autres ne sont pas des anges: ils rigolent à ces blagues, et se dédouanent de toutes responsabilité en lui disant que "tout de même, il exagère", sans conté un professeur bien trop passif. Je trouve cela d'une justesse galvanisante, surtout dans l'animation japonaise qui représente trop souvent le harcèlement comme un "1 contre tous" bien trop manichéen.
Pourtant, malgré ce début éprouvant, se jouant en deux teinte bien distincte (l'une représentant Shoya, garçon turbulent et naïf qui ne souhaite que s'amuser avec ses copain, tandis que l'autre nous le présente comme un enfant brutal et blasé dont la seule distraction est de pousser à bout une fillette sourde), le film prend à partir de ce moment là, un ton et un rythme calme et tout en pudeur. Jamais la phrase de trop, une relation qui n'a pas besoin des mots pour évoluer. Le film prend son temps d'installer l'amitié naissante entre les deux protagonistes, ainsi que leurs tourments. Il y a pas mal de symbolique, le film installe une ambiance. En repensant à A silent voice, on repensera tous à ce pont, où Shoko nourrit les carpes, où petit à petit Shoya la rejoindra.
Malheureusement, s'il y a bien un point que je trouve dommage dans le film, du au manque de temps, c'est le développement des personnages secondaire. Parce que si le film prend son temps à développer les questionnement de Shoko et Shoya, ainsi qu'inclure l'arc personnel de Yuzuru et Ueno, les autres personnages sont à peine survolés. Mashiba n'ayant que deux lignes de dialogues, on n'arrive pas à cerner ce personnages!
Bon, je suis un peu mauvaise fois, parce que on arrive malgré tout à bien cernée la personnalité des différents personnages secondaire. Par exemple, je vais faire une petite comparaison entre deux personnages: Ueno et Miki. Clairement deux personnages insupportables. Malgré tout, elles sont assez bien travaillés pour être crédible, et si pour comprendre Naoka on a bien besoin de son arc personnel, ce n'est pas nécessaire pour Miki. Miki est une lâche, et en cela elle est bien pire que Naoka. Bref, pour conclure cette digression, je dirai que le film à apporté une conclusion bien plus satisfaisante à ces deux personnages que ne le faisait le manga, où elles restaient en stand-by.
Bon, je trouve aussi que le film ait totalement évincé le développement de Sahara en seulement une phrase. Je trouve que ce personnages est pourtant extrêmement intéressant. Mais bon, manque de temps. Je reviendrais sur Shoko et Shoya plus tard, reprenons le film.
Après une heure de développement en tout genre, avec quelques rebondissement bien mené, on à le grand moment de tension, celui qui change tout. Vous savez tous de quoi je parle, je parle du moment où on sait qu'il va se passer quelque chose, où la musique s'affole, et que l'on redoute le pire, et à raison. Je ne vais pas spoiler évidemment, mais cet événement est ce qui changera tout dans la vie de nos personnages. C'est avec une certaines amertume que j'ai remarqué que, dans la vie de Shoya, toutes ses décisions, tout ses actes, se retourne contre lui un jour où l'autre d'une manière cruellement ironique.
Après cela, c'est le chaos sentimental. Et sincèrement, c'est la meilleure partie? Le moment où on sent que l'on se rapproche de la fin, et où le film commence doucement à se détacher du manga. Et je ne peux qu'approuver.
Et oui, je suis désolé, mais la fin du manga est bâclé. Les personnages font un film? Et alors, moi j'ai l'impression qu'ils se détestent tous! Je ne suis pas arrivé à être touché. De manière bien plus subtile, grâce (c'est malheureux de dire cela) notre petit groupe de personnages s'est soudé, acceptant tous de faire des concessions, unis tous par la même tristesse. C'est doux, ce n'est pas forcé, et les liens entre personnages sont bien plus crédible.
Vint alors le grand final, accompagné d'une musique époustouflante, qui n'a pas besoin de long discours pour se faire comprendre: accepter les différences, nous dis le film! Aimez-vous vous même, aimez la vie. Oui, c'est peut-être cucul comme ça, mais le message est tellement bien porté qu'il ne peut que faire sens dans ce film.
C'est là qu'on voit bien l'évolution des deux personnages principaux: bien que l'un était le persécuteur de l'autre, ils se ressemblent pourtant énormément. Ils ne s'aiment pas, s'en veulent de vivre, voient leurs existences comme un fardeau pour leurs entourage. Le personnage de Shoko par exemple, se force toujours de sourire, sachant bien à quel point c'est difficile pour les autres de vivre avec son handicap, se croit toujours la coupable de tout. Un personnage qui cache une énorme tristesse et un très grand mal-être. Elle ne souhaite que comprendre les autres, les entendre, pour éviter d’être un pois.
En parallèle, il y a Shoya, qui refuse d'entendre. Conscient du mal qu'il a fait, il ne veut plus avoir en rien affaire avec les autres, d'où sa décision de se suicider au début du film. Pourtant, une fois face à Shoko, il renoncera à tout cela. Il se rendra compte qu'il ne veut pas seulement s'excuser auprès d'elle, mais aussi réparer ses erreurs. Il refusera systématiquement de se confronter à sa colère et à sa tristesse, jusqu'au moment où évidemment tout éclate. Un personnage complexe et touchant, qui amènera avec lui pas mal de questions, par exemple, est-il réellement ami avec Shoko, ou fait-il juste cela pour ne plus se sentir coupable?
Une évolution de personnages donc en parallèle, au centre de l’histoire, mieux geré que dans le manga. Tout cela accompagné de la SUBLIME animation de Kyoani, toujours aussi doué pour nous faire pleurer. Niveau musique, ce n'est pas mémorable, sauf pour "Lit", qui est magnifiquement en accord avec l'animation, et qui sublime à merveille les émotions de Shoya à ce moment-là.
Alors, mauvaise adaptation? Certainement pas! Au contraire, le film sublime le manga! Est-ce que je regrette de l'avoir regardé? Non plus, un manga qui parle de l'handicap avec une telle justesse et accompagné avec ça d'une animation de qualité, c'est ce genre de chose que j'aimerai voir plus souvent

chocolat9
8
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le 16 sept. 2017

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