Le premier film, sorti en 2005, était une bonne surprise pour la retranscription visuelle de l’œuvre de Frank Miller, alors inédite à l'époque. Neuf ans plus tard, je pourrais dire la même chose, mais ça ne suffit plus pour épater la galerie ; il ne reste que la forme, le fond n'étant pas là pour compenser la vacuité de l'entreprise.
Déjà, c'est un film très faux-cul sur la pourriture de la ville, qui passe par la violence, qu'on voit par litrons, et des décapitions par milliers, mais dès qu'il s'agit de montrer un sein, un zizi, des fesses, c'est constamment caché par des effets comme l'ombre des vénitiennes, un peu à la manière d'un film noir. Il y a même quelque chose de lâche à ne jamais montrer la nudité comme arme (alors que c'est le cas, notamment par le personnage que joue Eva Green), alors que pour tuer, on voit tout.
Passé ce point de vue, j'avoue que les histoires ne sont pas toutes passionnantes ; une vengeance, un type qui veut s'enrichir et, ce qui est le plus intéressant, une femme vénale dans une histoire rappelant TRÈS fortement Assurance sur la mort.
C'est peut-être parce que j'ai pensé en même temps au chef-d’œuvre de Billy Wilder, mais les réalisateurs ont ici quelque chose à s'accrocher, à savoir l'univers du film noir, avec non pas Barbara Stanwyck mais Eva Green, qui est vraiment pas mal, car en plus d'avoir le look de l'emploi, elle se régale à jouer les garces devant un Josh Brolin sous Prozac (dans le film précédent, c'est Clive Owen qui jouait son rôle).
L'histoire avec Joseph Gordon-Levitt n'a quant à elle aucun intérêt, à part de faire intervenir à nouveau le grand méchant, joué encore par Power Boothes. On retrouve enfin Jessica Alba et Mickey Rourke dans une autre histoire, où la première veut venger la mort du flic que jouait Bruce Willis dans Sin City. Et qui d'ailleurs revient en fantôme, et ajouter une ligne sur l'affiche !
Par contre ; qu'est-ce que ça bavarde ! Je sais que le film est tiré d'un roman graphique de Frank Miller, toujours coréalisateur avec Robert Rodriguez, mais on a encore besoin de ces voix-off incessantes, et en plus pour paraphraser ce qu'on voit à l'écran ?
Tout cela fait que j'ai suivi le film avec ennui, réveillé de temps en temps par l'histoire où intervient Eva Green, mais cette suite de Sin City est largement en-dessous de son prédécesseur, comme si les réalisateurs voulaient capitaliser sur un succès d'il y a près de 10 ans. Mais la supercherie ne peut pas marcher deux fois, et les spectateurs l'ont compris.