Il serait facile de qualifier Sinister de sinistre tant les multiples sens de cet adjectif pourrais très bien définir à lui tout seul ses qualités et défauts. Son réalisateur, Scott Derickson s’était déjà aventuré non sans mal avec l’exorcisme d’Emily Rose après avoir dénaturé une œuvre de sci fi culte.

C’est donc avec prudence que l’on se prépare à vivre cette expérience et les craintes s’avèrent fondées. Si cette nouvelle incursion affiche de louables intentions, elle n’en reste pas moins une aventure aux tétanisantes promesses mais à l’exécution engourdie par des choix antithétiques.

De cette histoire de « maison hantée » On retient surtout celle d’un homme qui, aveuglé par son égoïsme et son ambition, ne parvient pas à protéger son cocon familial de la menace malgré les visibles incidents qui en écorchent l’armature, On perçoit dès l’introduction l’aboutissement d’une telle mise en place.

Cet état de déchirement auquel on nous prépare est brillamment introduit et parvient aisément à nous affecter. La mise en scène, soignée, réussit habilement l’immersion dans cette terreur urbaine palpable. Une imagerie morbide matérialisée par des vidéos amateurs dont le réalisme outré intensifie la portée des horreurs qu’elles projettent tout en invoquant avec malaise, nos prédispositions inconscientes au voyeurisme.

C’est justement l’ascension de ce sentiment, que va subir le personnage incarné par Ethan Hawke. Son état, décrit avec minutie par une caméra qui n’hésite pas à s’attarder sur son inquiétude grandissante en oublie finalement le reste de la famille. On brode grossièrement les liens aux détours de quelques dialogues mais le portrait reste au stade de croquis. Ce point noir, à lui seul, suffit à priver la suite d’une dramaturgie nécessaire à légitimer la conclusion, erreur problématique si on se réfère à la thématique annoncée.

D’autant plus que la seconde partie élargit subitement le point de vue, jusqu’ici restreint à l’écrivain et démystifie en trois plans, la raison principale nous permettant de spéculer maladroitement sur la suite des évènements. Parallèlement, L’expression devient plus théâtrale et le schéma d’épouvante tourne en rond dans le but de mieux spiraler la psychose du personnage mais ne fera que plomber le final.

A ce stade, il ne reste plus qu’à dévoiler sa pseudo révélation, conclusion téléphonée grotesque au discours moraliste que les séquences d’angoisses, habilement valorisées ne feront oublier. Au mieux, elles prouvent juste qu’elles auraient eu leur place dans un épisode de programme télé ou un court métrage, voire, plus naturellement sur du super 8.
KrisMery
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le 17 déc. 2012

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Kris Mery

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