Entre l'accueil tiedasse réservé à "Quantum of solace" et les gros ennuis financiers de la MGM, on se demandait si on le verrait un jour ce nouveau James Bond. Enfin, le voilà, tout beau tout chaud, précédé d'une très bonne réputation et d'une file d'attente au ciné aussi longue que la barbe de Gandalf le gris. Sam Mendes prend donc les commandes de son premier film d'action, la franchise s'offrant pour la première fois un "vrai" cinéaste (ce qui n'a rien de péjoratif pour les autres que j'admire beaucoup d'ailleurs). Passé une introduction plutôt efficace et un générique de toute beauté rythmé par la très belle voix d'Adele, le film prend le temps de poser son intrigue et ses enjeux, plongeant son héros dans une abîme de noirceur, un peu comme l'a fait Nolan avec Batman. Fêlures qui seront malheureusement vite expédiées au profit de longs tunnels de dialogues et de micro-séquences d'action pas toujours heureuses (autant la séquence à Shanghai est belle, autant celle à Macao est ridicule), plongeant le spectateur dans un certain ennui poli. Puis arrive enfin le poil à gratter, le grain de sable qui viendra enraillé une machine un peu trop bien huilée. J'ai nommé Javier Bardem, grand acteur qui compose ici un bad guy franchement malsain, aussi flippant que son look est improbable. Si l'intrigue ne l'exploite pas au maximum, l'acteur parvient à imposer une véritable présence menaçante et une certaine ambiguité, grâce notamment à une diction du plus bel effet (VO obligatoire !). Du coup le film décolle, trouve enfin son rythme et son intérêt, jusqu'à un final absolument jouissif, pure morceaux de bravoure westernien qui vaut à lui seul le déplacement et qui s'avère être un des plus beaux moments de toute la saga. En ce qui concerne les James Bond Girls, si Naomie Harris est plutôt crédible en Moneypenny next gen (bien que sous-exploitée), Bérénice Marlohe ne sert absolument à rien, son rôle étant beaucoup trop bref et caricatural, énième demoiselle en dêtresse ayant misé sur le mauvais gars. Capable du meilleur (le climax en Ecosse, magistral) comme du moins bon (l'épisode à Macao, inutile), visuellement à tomber à la renverse (comme tous les films de Mendes), iconique à mort, "Skyfall" parvient in extremis à relancer une saga un poil ternie par un précédent épisode en demie teinte et collera des frissons aux fans lors d'un final bouclant la boucle d'une belle façon.
Gand-Alf
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le 2 nov. 2012

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