Quantième Art
Skyfall confirme l'ouverture d'une brèche originale et nouvelle dans laquelle toute la franchise James Bond s'engouffre à corps perdu. C'est le cas de le dire. Et à foncer de la sorte, le film y gagne, et il y perd aussi. Gros bon point pour l'aspect technique dont le succès commercial garantit l'exploitation à 100% de ce que l'on sait faire. Les cascades, comme d'habitude, sont presque aussi renversantes pour le spectateur que pour les figurants qui les pratiquent. En plus, la série revient d'un montage étouffant, laissant plus la place que le dernier opus à la lisibilité des scènes ; quand on parle d'une qualité pareille, la différence est sensible.
En contrepoint de ces détails forts, on atteint les limites du "reboot" fait avec Casino Royale. L'introduction-générique est un mélange hétérogène de résurrection stupide et de la chanson d'Adele éponyme, augurant un scénario cahoteux qui ne sait pas transmettre de manière satisfaisante l'obsolescence de l'agent Bond ; sans même parler qu'après son "accident", il devrait être mort ou au moins handicapé à vie (suspension de l'incrédulité oblige), il y a une tristesse sans contrepartie derrière son impotence qui gâche un peu le plaisir.
On croirait sentir une humeur planer autour de cet épisode qui lui donne un rythme plus lent et mélancolique que toutes les allusions ne récupèrent pas. Quelles allusions ? "Vous croyiez qu'on allait vous donner un stylo explosif ? On n'en est plus là" ou bien "les vieilles manières sont les meilleures", ou encore le retour peu discret de l'Aston Martin et l'utilisation pleine de sens du thème musical original de Monty Norman... Les clins d'œil, c'est gentil, mais ça marche mieux à petite dose, et surtout pas quand ils sont visibles comme le nez au milieu de la figure. Au moins tout cela met-il beaucoup mieux en valeur les jeux d'acteurs et les relations entre les personnages.