Were you expecting an exploding pen ?

*Attention, ici je spoile*

Quantum of Solace m’avait laissé un très mauvais goût en bouche. Si bien que, même si plutôt emballé par l’excellente communication tout en sobriété autour de Skyfall (je parle ici des écrans numériques dans le métro parisien), je n'avais pas pris la peine de me déplacer au cinéma ou même de jeter un œil à un trailer. Du coup j'avais un peu mal compris le pitch, je m’attendais à un épisode se passant plus tôt dans la carrière de Bond, avec un agent pas encore très bien huilé. En fait cet épisode c’est tout l'inverse.
Pour résumé, c'est comme un déménagement : "On jette tous les meubles, sauf la vieille commode de Mamie, on rachète exactement la même chose mais en plus moderne chez Ikea, et après avoir ciré la commode on repose dessus exactement aux même endroits les quelques bibelots qu'elle nous a légué avec (en prenant soin de les avoir dépoussiéré avant)." C'est un peu long comme métaphore mais vous avez l'idée.

Le buffet c’est bien entendu James Bond. Personnellement, et contrairement au début, Daniel Craig commence à me plaire, d'abord en tant qu’acteur (Millénium est passé par là) et maintenant en tant que Bond. Alors certes, il est un peu bourru, fait penser une sorte d'ancien militaire, mais quand il marche au ralenti sur fond blanc (là encore je parle de la campagne d'affichage numérique) il EST James Bond. Il éclipse pas mal de ses prédécesseurs, Brosnan en tête (et je suis de la génération 90 qui a grandi avec lui, pour moi ça a longtemps été lui et personne d'autre). Disons que s'il ne devait qu'en rester trois (j'ai failli dire deux), Craig serait un de ceux-là !
007, désormais un peu moins charmeur avec les femmes (malheureusement), est toujours le mec avec le plus de force dans les bras au monde (dans tous les films depuis 90, on trouve une scène où il est suspendu par la seule force des bras, souvent un seul, et dont il se rétablit toujours facilement), et des skills cheatés en corps à corps (Jason Bourne est passée par là) et en tir (bon ça ok, c'est un peu l'argument commercial depuis le début). Mais, pour contrebalancer ça, un peu comme Tony Stark, il a une petite faiblesse pour l'alcool ! Et à ce propos, “le scandale Heineken” n'était qu'un buzz calomnieux, Bond ne troque ni son martini ni son whisky contre une bière, il boit toutes ces boissons au cours du film, et la bière qu'il sirote au pieu n'apparait que trois secondes à l'image (plus une pub dans le métro un peu plus loin). Ça n'a rien de choquant comme placement produit, surtout en comparaison avec les gros plans vomitifs sur le Coca-Cola Zero dans QoS, qui là, faisait vraiment tâche (vous pouvez rire) !

Les bibelots ce sont les ingrédients inhérents à la saga que l’on retrouve avec plaisir dans chaque épisode. Car, il faut bien le reconnaître, un James Bond ça repose quand même pas mal sur le fan-service ! Et QoS se débarrassait sauvagement et sans ménagement de presque tous ceux-ci au profit d'un film d'action bourrin avec un méchant ridicule. Éclipsé les "Bond, James Bond", le thème musical, les parties de jambes en l'air avec les filles et j'en passe… Ici, l'affront est largement lavé, et on retrouve pour notre plus grand plaisir tous les répères qu'on avait à chaque épisode. Petit bémol quand même sur la “James Bond Girl”, que le marketing nous vend pendant six mois à base de photos sexys et qui apparait à peine une dizaine de minutes à l'écran, sans qu'aucune relation n'ait été développée avec le personnage… Elle sont bien loin les vrais James Bond Girls qui sortaient de l'eau en bikini et qui retournaient le cerveau de notre agent favori…
Honnêtement, j'ai zappé le générique (un mauvais réflexe hérité du visionnage massif de séries), donc je ne m'exprimerais pas dessus.
Skyfall voit la réapparition de personnages emblématiques de la saga comme Miss Moneypenny (attention, retournement à la Dark Knight Rises) et l'agent Q ! Il était temps, car ça faisait 2-3 films qu'on nous la jouait à l'envers en faisant l'impasse sur son remplacement (et surtout celui de l'emblématique Desmond Llewelyn). Alors certes on nous sert une tête à claque, tout droit sorti d'Antitrust, mais va pour le renouveau, ça a le mérite de trancher plutôt que de singer. Et au moins on a quelques gadgets, plutôt classiques, mais très sympas et très efficaces. Mention spéciale pour la phrase qui constitue le titre de cette critique, auto-référence à GoldenEye.
Un James Bond n'est rien non plus sans sa voiture de prestige… et quelle voiture, puisqu'il s'agit de l'Aston Martin DB5 à fusils mitrailleurs que l'on connait tous déjà bien ! Bel hommage, très plaisant en tout cas.

Maintenant les éléments propres à ce film :
Javier Bardem, campe un méchant plutôt réussi, croisement parfait entre Max Zorin et Dent de Requin, même s'il peut nous rappeler un cosplay raté du Joker de Batman : les cheveux, le sourire, le menton, les fringues… Malheureusement, un petit coup de CGI de trop nous laisse sur un mauvais souvenir, alors que l'idée aurait pu se révéler bien plus effrayante. Et le coup du terroriste hacker omniscient avec des représentations gogolesques des virus et de l'informatique en général ça commence à ne plus trop marcher non plus.

Je ne m'épancherai pas sur les ressorts du scénario, déjà détaillés et disséqués dans suffisamment d'autres critiques. Je tiens juste à dire que je suis content que Judi Dench cède enfin sa place, je n'ai jamais aimé son personnage, et pas non plus dans ce film. La deuxième partie du film est un peu dessous, ça se finit même comme dans QoS : avec une grosse explosion dans un endroit complètement désert à la Zabriskie Point.
Effectivement, ça peut faire un peu penser au Batman de Nolan (particulièrement Begins) : certains arrangements musicaux, la photographie (le traitement de la lumière en particulier, le film est très beau), le “majordome” au manoir, le “j'ai perdu mes deux parents en même temps et ça m'a transformé en homme” + la tombe, le coup du méchant qui vient chez moi pour tout brûler, le héros que tout le monde croit mort à l'autre bout du monde qui réapparait (dans l'ombre) sans aucune explications puis qui doit se réentraîner (avec un “montage” digne de Team America), le joker (je l'ai dit) et encore une fois, la révélation de Miss Moneypenny !

Tout ça nous donne quand même un épisode que j'ai pris du plaisir à regarder et qui m'a réconcilié avec James Bond, avec certains passages très jouissifs, notamment au niveau du fan-service
En fait, Skyfall c'est à la fois un épisode de fin de saison qui résout toutes les intrigues encore en cours et l'introduction à une nouvelle ère (ou une nouvelle trilogie) avec la mise en place d'un nouveau statut quo.
Cette "tabula rasa" permet de reprendre sur de nouvelles bases saines et de dire "Ok, c'était mieux avant, on est d'accord, mais voilà ce qu'on fait maintenant…" Et je ne demande qu'à voir ça !
Quentin-S
7
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Créée

le 12 févr. 2013

Modifiée

le 12 févr. 2013

Critique lue 482 fois

6 j'aime

Quentin-S

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