L'ombre de l'échec

Décidément, le marathon de l'horreur aura été une expérience éprouvante. Vraiment, je suis dans un total désarroi quand je vois la qualité des films d'épouvante-horreur qui sortent de nos jours. A croire que les productions nous prennent pour des pigeons. Malheureusement, c'est presque le cas, le public étant majoritairement jeune, voulant braver une sorte d'interdit, et bien, on s'en sort avec des films de merde. Soyons honnête, les temps sont rudes pour ce genre au cinéma. Le problème est profond: par exemple, des films comme Hérédité ne trouvent pas leur public parce qu'ils ne font pas spécialement peur, alors qu'ils proposent vraiment quelque chose. Enfin bref, revenons sur Slender Man, objet de cauchemar pour les amateurs de jeu vidéo.

Bon, pas la peine de s'étendre 10 ans, ce film est nul. Pourtant, il y a quelques idées à retenir. Enfin, deux principalement: tout d'abord, le film essaye vraiment de créer une ambiance, très sombre et glauque. La deuxième idée est ce côté fatal: on ne peut pas s'en sortir face à ce personnage et dans un sens, c'est logique. Mais, à part cela, c'est le néant. Le film ne fonctionne pas du tout mais au moins, il n'essaye pas de faire plus que ce qu'il ne peut.

Il y a un vrai point noir dans ce film: les apparitions du Slender Man. Je conçois qu'il soit relativement difficile de faire apparaître ce personnage. Au final, que faut-il faire? En faire un personnage très présent ou juste une ombre sur le film. Personnellement, je voterai pour la seconde solution. Pour moi, cette entité représente plus une ombre qu'un réel personnage, il ne devrait pas apparaître de manière directe. Pour le coup, le sujet même de Slender Man fonctionnerait parfaitement avec le "jump-scare" car c'est son mode de fonctionnement. Mais là, on le voit trop et lorsqu'on le voit, le film nous rappelle sans cesse que c'est un rêve. C'est paradoxal comme position. Comment voulez-vous créer la peur chez le spectateur si sans cesse le film vous dit "ne vous en faites pas, ce n'est que du faux". Le film se plante complètement sur ce sujet.

Pour continuer, la construction des personnages. C'est une vaste blague. On joue sur le stéréotype complet de ce film. Entre la nana qui veut se faire serrer par un beau gosse, la gothique qui pète un plomb parce que c'est la plus apte à le faire, le personnage noir qui disparaît (comme par hasard), on nage en pleine folie. Mais le pire, c'est la manière dont les personnages agissent. Il y a quand même un personnage qui parvient à dire :"euh, ça serait mieux de rester ensemble" no shit? Elles prennent toutes les décisions les plus stupides que l'on peut imaginer dans un film d'horreur. Pour ceux qui écrivent sur ce genre, vous avez le manifeste de ce qu'il ne faut pas faire concernant les personnages.

Le film possède un problème de colorimétrie. Je suis d'accord, c'est un film qui doit faire peur, mais-là, on ne voit même pas ce qu'il se passe. Le film n'est absolument pas lumineux et donc, cela empêche de comprendre certaines attaques du Slender Man. Du coup, le film n'est pas lisible. C'est vraiment dommage. Bon, pas besoin de vous dire à quel point il est prévisible...

Slender Man est un beau gâchis. Je me pose toujours la question de savoir si adapter au cinéma un tel personnage, avec ses codes et ses particularités est possible. En tout cas, ce n'est clairement pas la bonne méthode. Pour le coup, soyons heureux que le film n'ait pas été distribué en France, cela aurait encore dégradé l'image du genre qui est en perdition. Mal écrit, très mauvais, presque inutile en fait, ce film ne mérite rien. Passez votre chemin, cela vaut mieux.