Voilà un film rude et peu facile d'accès malgré ses apparences de simple thriller sur une version indienne de "Qui veut gagner des millions ?". Non, "Slumdog Millionaire", ce n'est pas qu'un interrogatoire de police pour déterminer si un jeune orphelin des bidonvilles est en train de tricher à un jeu télévisé. C'est bien plus que cela.
C'est surtout la relation sans concession d'une Inde déchirée par son système de castes, où le mépris des plus hautes castes envers les intouchables (la caste la plus basse) se perpétue de générations en générations. C'est le récit de deux orphelins parmi tant d'autres en Inde qui chapardent, qui dorment dans des ordures, qui travaillent dès le plus jeune âge pour gagner une misère, qui sont obligés de tromper les étrangers pour leur soutirer de l'argent et qui doivent éviter les pièges atroces qui les attends dans une société qui ne veut pas d'eux et qui ne se préoccupent pas de leur sort.
A ce titre, certaines scènes sont difficilement soutenables. Je pense en particulier aux scènes où Salim, Jamal et Latika se retrouvent chez Maman, un prétendu bienfaiteur des orphelins.
"Slumdog Millionaire" aborde aussi de front le problème de la place des femmes dans la société indienne. Celles-ci sont rabaissées, humiliées, peu considérées et souvent maltraitées, si ce n'est violées. Le film ne ferme pas les yeux sur ces problèmes. Le résultat en est que, malgré une photographie colorée, une bande son joyeuse et le message d'espoir véhiculé, le film dresse un portrait sombre de l'Inde.
C'est la principale force de ce film : allier la rudesse du message, pour faire ouvrir les yeux des occidentaux sur les problèmes que rencontre ce pays, à la légèreté des images et de la musique, pour ne pas perdre les spectateurs.